Un port de tête sympathique, une silhouette gracieuse, diamant dans les yeux et cristal dans la voix. Voilà comment, à l’analyse, je pense pouvoir définir Barbara Kanam dont on peut aisément substituer le nom de famille par… canon. Du fait bien évidemment des autres avantages dont la nature l’a si heureusement pourvue. Osons un rapprochement ! Tout bien considéré, c’est un mélange d’ange et de créature humaine de la trempe des reines à la couronne de saphirs et d’or mêlés. Bref, un peu tout ce qu’un homme peut souhaiter voir dans une femme. Barbara nous est apparue comme ce nouvel astre parti pour briller de mille feux dans la galaxie musicale africaine d’aujourd’hui. Dès qu’elle empoigne le micro, elle convoque l’ambiance et c’est le miel qu’elle met dans la voix qui émerveille son auditoire. Ce ne serait qu’une lapalissade, affirmer que c’est une chanteuse au charme ravageur. Ce qui n’est pas peu dire… Ses spectacles sont un délice, un vrai régal en somme. Ça démarre généralement sur un rythme chaloupé pour ensuite émoustiller l’assistance avec des turbulences torrides et saccadées de la seconde partie du morceau conçue aussi bien pour l’audition que la piste de danse.
Compositrice et parfaite interprète, elle navigue, avec une aisance convenue, sur presque tous les tons et la sensualité toujours au rendez-vous. Comme si cette bombe de scène avait fini par conquérir les cœurs, on sort de ses productions avec un sentiment de plénitude totale et d’enchantement. A chacune de ces occasions, on aurait bien souhaité rester un peu plus longtemps en compagnie de cette pépite aux capacités plurielles. Autour d’elle, un bon petit groupe pour l’accompagner et une équipe managériale qui y veille. La première fois que je l’ai vue sur un podium, c’était en 2005 et intérieurement, je m’étais dit : cette perle rare, quoiqu’il arrive, va indéniablement bousculer le box office de la musique du continent. Puis un peu plus tard, j’ai été associé à une de ses prestations à Libreville, invitée par la hiérarchie de la Poste gabonaise. Là, elle a ajouté un autre fleuron à sa couronne qui commençait déjà à être bien garnie. En somme, Barbara Kanam, adepte de la mélodie sentimentale autant que du phrasé syncopé, possède tous les atouts de séduction complétant ses capacités intrinsèques. Quand elle prend possession du podium, c’est à l’image d’un ouragan impétueux qui ne laisse personne de marbre, alliant élégance et prestance dans l’exécution de sa partition. Considérant la manière dont elle se débat, on a l’impression que, partie à la recherche de la toison d’or qu’elle semble (même) avoir trouvée, elle a décoché la timbale. Elle a tracé sa voie rien qu’avec sa voix. De fil en aiguille, elle a multiplié d’autres productions ici et là, allant même chanter dans une soirée privée chez le Prince Albert Grimaldi de Monaco, tout dernièrement. C’est tout dire… Son featuring avec Papa Wemba semble avoir été le plus abouti de ses duos avec ses collègues. A travers le clip d’une des chansons avec Bokul qui l’appelait »Triple option », elle dégageait une touchante sensibilité qu’on s’empresserait de demander la recette. Plus tard, je l’ai revue physiquement avant le rapatriement de la dépouille de Papa Wemba dans la suite de la délégation venue lui rendre un dernier hommage à Abidjan, la terre où elle a pris de l’envol dans sa carrière après Johannesburg. Elle a sangloté comme personne, avec même des larmes dans la voix. Du gospel à ses débuts, elle est entrée de plain-pied dans la rumba urbaine. Contrairement à beaucoup d’autres qui font le sens inverse. Je l’ai dit plus haut, elle se révèle une parfaite interprète, lorsqu’elle décide, à merveille, de revisiter ses grandes sœurs dans la chanson : Lucie Eyenga, Mpongo Love et plus près de nous Mbilia Bel et Tshala Muana. Du grand art, sans plus !
Flash back… Issue d’une famille de 12 enfants, originaire de l’ex-province du Katanga (avant le démembrement), la quarantaine révolue, après ses études de comptabilité, elle a pris la résolution de s’engager dans la chanson au début des années 2000. Maniant avec finesse genres musicaux et langues, chantant aussi bien en lingala, swahili, français qu’en anglais, elle compte cinq albums à son actif dont le dernier s’intitule »Zawadi ». Lorsqu’on a lâché tout ça, que dire d’autre après ? Sinon, maintenant qu’elle a bien mis le pied à l’étrier, souhaitons-lui une bonne percée dans sa carrière qui a pris sacrement du relief pour qu’elle capitalise cette dose de sympathie qui l’accompagne et continue de distiller encore du bonheur autour d’elle. Bon vent Barbara
Jean-Pierre Eale