D’aucuns ont qualifié sa mise à mort comme un lâche assassinat. On ne se rend peut-être pas compte, mais une bonne frange de l’opinion l’a présenté comme un héros. Un héros somme toute oublié. Un brin d’histoire… Peu avant l’entrée de l’Afdl à Kinshasa, en 1997, plus précisement à un mois de l’arrivée des kadogos dans la capitale, je fus victime d’une attaque nocturne des hommes armés à mon ex-résidence de Binza UPN, à quelques encablures du petit marché de ce quartier. Ces bandits sans foi ni loi avaient pris toutes mes économies que je venais de retirer pendant la journée de mon coffre fort de l’hôtel Memling dont ATL, ma structure, était agence conseil en Communication pendant qu’au même moment, des hommes en armes qui opéraient bien cagoulés, m’arrachaient également ma voiture de marque BMW quI sera retrouvée plutard vers l’avenue Lalou, à Binza Delvaux. Au lendemain de cette attaque, complètement dépité par ce double triste événement, j’avais pris carrément la décision de quitter UPN. Je me suis ainsi retrouvé avec ma famille au Centre d’Accueil Protestant, CAP, non loin des services du Casier judiciaire, dans la commune de la Gombe.
C’est en prenant quartier dans ce motel que j’ai retrouvé le Général d’armées Donatien Mayele que j’avais connu durant les grandes vacances de 1972. Il m’avait été présenté un dimanche au cours d’un pic nic à Kimuenza par madame Jeanne Vila, la veuve de mon défunt père disparu un an avant cette rencontre. Le hasard faisant parfois bien les choses, je vais découvrir que c’est lui le Général Mahele qui avait embauché monsieur Albert, le chauffeur de mon père. Puis je le voyais à distance avant qu’en 1983, je le retrouve à Paris où il était admis à une formation pour officiers supérieurs à l’Ecole nationale de Saint Cyr. Pour revenir à notre rencontre au plus fort de l’atmosphère de fin de règne de Mobutu, j’ai découvert qu’il habitait dans les environs, je suis allé le voir dans sa résidence située vers Marsavco, à un jet de pierre de mon pavillon en vue de lui faire part de ma mésaventure. Après échange autour d’un café, le chef-d’etat major qu’il était me confie un garde du corps qui était était en tenue civile et devait exercer discrètement, sur le chemin de mon bureau du Memling et pendant mes autres sorties.
Le jour de sa mort, je me rappelle, comme si c’était hier, l’avoir vu très tôt le matin en train de faire les cent pas, des aller-retour incessants pouvant atteindre pas moins de 8 tours ! Je me suis alors dit que je n’aimerais pas pour rien au monde, être à sa place. Curieusement, le lendemain en me réveillant, j’apprenais la nouvelle de son lâche assassinat. Il était appelé d’urgence, selon des informations qui circuleront dans la journée, pour mater des troubles intervenus au Camp Tshatshi. Malgré le refus du Général Likualia, le tout dernier Premier ministre du Maréchal, il va s’entêter et y aller. C’était pourtant son rendez vous avec la mort. Et de surprise en surprise, je vais découvrir que mes voisins du motel étaient tous ou presque, des membres de l’AFDL(équipe d’avance) et d’autres personnes faisant partie de l’équipe d’avance.(remeke)
Jean Pierre Eale Ikabe