A la pointe du secteur de la recherche pharmaceutique en RDC, Etienne Batangu Mpesa est le premier pharmacien congolais ayant obtenu l’autorisation de mise sur le marché et il a été tour à tour président de l’Association de pharmaciens congolais et de la Commission nationale pharmaceutique de la RDC.
Président du Centre de recherche pharmaceutique de Luozi, il mène des recherches sur la quercétine, une molécule qui soigne le corona virus.
Né en 1942 dans le territoire de Luozi, Batangu Mpesa Etienne a fait des humanités pédagogiques à Kimpese avant de s’inscrire à l’Université Lovanium en 1965 à la Faculté de médecine et deux ans plus tard, étant motivé par les plantes, il va s’orienter vers la faculté de la pharmacie et il nourrissait, déjà l’époque, l’envie de travailler comme pharmacien dans son terroir de Luozi. Et d’ailleurs cela lui a valu de la part de ses collègues le surnom du pharmacien de Luozi.
Terminant ses études de pharmacien en 1971, sous le drapeau en tant que milicien enrôlé dans l’armée, il va débuter sa carrière de pharmacien comme sergent de réserve et professeur à l’Ecole d’Assistant pharmacien de l’Institut d’enseignement médical, (IEM) de 1971-1972 et comme directeur de cette même école de 1972 à 1977.
Pour parfaire sa formation, Batangu Mpesa va bénéficier d’une bourse postuniversitaire de l’Université de Montpellier en France dont il décline l’offre préférant l’université de Montréal au Canada.
Entretemps, dans le cadre de la corporation de pharmaciens, il a tour à tour occupé les fonctions de secrétaire-adjoint durant deux ans, de vice-président, deux ans également et de président de l’Association des pharmaciens zaïrois durant trois mandats jusqu’à son voyage du Canada. Dans le souci de la création d’un Laboratoire national de contrôle de médicaments et Bromatologie (denrées alimentaires) dans le cadre du projet de l’OMS de 1973, Il a bénéficié d’une bourse pour diriger ce laboratoire après sa formation.
Après ses études à l’Université de Montréal de 1977 à 1980, il retourne au pays avec son diplôme de maitrise en sciences pharmaceutiques, option Analyses et contrôles des médicaments mais le projet pour lequel il était parti en formation n’a jamais vu jour jusqu’à présent. Avant son retour, il avait animé en février 1980 une conférence-débat sur « la contribution de la pharmacie moderne à la médecine traditionnelle » à l’Université de Sherbrooke à Québec sous ma modération du Dr Mbikay, un de ses condisciples de l’Université de Lovanium et de celle de Montréal, qui est un des membres de l’équipe qui a trouvé la molécule de quercétine pour soigner les malades atteints du corona virus.
A la place de croiser les bras ou reprendre ses fonctions au sein de l’école ou de l’administration, notre praticien ouvre son propre centre de recherche pharmaceutique à Luozi en 1980 et se lance dans la recherche principalement sur les plantes médicinales locales.
Après quelques années de recherche, il va produire son premier médicament en 1984, le Manadiar à base de plantes médicinales locales et il est le premier pharmacien congolais à élaborer et à obtenir une autorisation de mise sur le marché. Cet anti diarrhéique est également un vermifuge efficace qui soigne également les maux de ventre, les vomissements et les hémorroïdes.
En 1999, il va lancer son deuxième produit le Manalaria, un antipaludique qui est toléré par les femmes enceintes et les nourrissons et cela sans effets secondaires depuis sa mise sur le marché. En juillet 2003, après la visite du Centre de recherche pharmaceutique de Luozi, l’ancien ministre de la Santé Mashako Mamba dira de lui : « c’est homme est un savant » et cela a été également confirmé par le professeur Emile Bongeli lorsque les adeptes de Ne Mwana Nsemi s’étaient pris à lui à Luozi et c’est ce qui avait poussé les autorités à interdire le Bundu dia Kongo de fonctionner en tant mouvement politico-religieux.
Juste après son passage à Luozi, Le ministre Mashako va le nommer président de la Commission nationale pharmaceutique qui malheureusement n’a jamais fonctionné selon les prescrits.
Présentement, il est en train d’expérimenter une molécule pour combattre le corona virus, qui, si elle s’avère concluante, sera mise à la disposition du public. C’est la même molécule que l’équipe de recherche de l’Université de Montréal propose pour guérir les patients atteints de ce virus. De son côté, Batangu Mpesa travaille sur cette molécule depuis près de 40 ans et ses deux produits phares sont à base de cette molécule, la quercétine.
Hormi la fabrication de médicaments, le chercheur va aussi organiser des symposiums à Luozi sur la pharmacopée et la phytothérapie et animé des conférences sur la promotion de la pharmacopée locale.
Divers prix lui ont été décernés dans le cadre de ses travaux entre autres lauréat du Premier prix de meilleur chercheur en médecine traditionnelle dans le cadre de Grand Prix de la Deuxième République avec Manadiar et Lauréat du Grand Prix de l’innovation du chef de l’État avec le Manalaria en 2016.
Il a été membre de la Conférence souveraine et du Haut conseil Parlement de transition, député du gouvernement de Transition et président du Groupe parlementaire Kongo. Il a aussi occupé les fonctions de président de l’Université Kongo de 2013 à 2018.
Herman BANGI BAYO