A Matonge et bien au-delà, son nom, du moins son surnom est largement connu. Quand on ajoute que dans les milieux mondains, Jagger Lomboume auquel on a joint le sobriquet de colonel (sans l’être vraiment) ne peut passer inaperçu. Papa Wemba avec Viva La Musica ont tiré un réel bénéfice de sa constante présence. À telle enseigne que cela à commencé, à un moment donné, à faire jaser certains. Jagger, ami de longue date de Papa Wemba, aîné de Riva Kalimazi, est en même temps, mon grand frère et à la fois pote à moi. Dieudonné, son prénom n’était resté que dans la bouche de ses parents, car tout le monde ou presque ne le désignait que par colonel Jagger ! Mais d’où vient qu’un civil se fait appeler colonel ? Shungu Wembadio a opté pour nom de scène Jules Presley venant d’Elvis, icône de la chanson mondiale venue d’Amérique. A coté de notre Presley local se trouve Dieudonné Lomboume qu’il debaptise (pour faire bien) du surnom de colonel (en imitant son idole) avec le surnom de Jagger pris chez Mick Jagger. Donc le colonel Jagger était à Wemba ce que le colonel Parker était à Elvis, son impresario principal. Ceci explique bien évidemment cela… C’est d’ailleurs lui qui me fait rapprocher à Jules Shungu Wembadio à une époque lointaine. C’est encore lui qui va me suggérer, en novembre 1985, lors de notre voyage à Libreville, d’organiser une tournée avec Viva La Musica. Mais grande fut ma surprise, lorsque Papa Wemba confectionna la liste de la délégation, il préféra Sacré Marpeza à sa place. Jagger ne pouvait qu’être frustré au regard de son implication personnelle pour asseoir la réputation du groupe. Ça c’est pour l’histoire qu’on ne saura travestir, quoiqu’il arrive ! Et en 2000, il va réparer cette sorte d’injustice en l’amenant avec lui pour s’en occuper. Ce qui n’était que justice. Et, au fil du temps, à la demande de son épouse, des sources dignes de foi, qui trouvait en Jagger un personnage très encombrant, Papa Wemba prendra ses distances vis-à-vis de son ami d’enfance.
Au point où cinq ans durant et jusqu’à sa disparition, les deux vieux copains ne se voyaient plus, voire ne se parlaient même plus. Et depuis, Jagger a quitté Paris pour s’installer à Bruxelles. Je l’ai rencontré à Charleroi avant de l’inviter à dîner chez ma sœur Cécile. Cette dernière avait encore en mémoire beaucoup des souvenirs de notre amitié qui n’a souffert d’aucune incongruité. Je lui ai consacré cette dernière livraison de « Mes gens » en reconnaissance de notre amitié. Un attachement ponctué des moments heureux… Pour tout dire, Jagger est la personne qui a appris à Papa Wemba sa démarche un peu particulière qu’on connaît, à parler de la manière que l’on sait ainsi qu’à (bien) se fringuer. Et il était là encore, au moment où Wemba a été défénestré, de Yoka Lokolé, l’encourageant instantanément à monter son propre groupe devenu Viva la Musica. Bénéficiant au passage de son encadrement et de son réseau relationnel très riche. Je renferme cette troisième saison de « Mes gens » destinée à lui, en reprenant à mon compte cette maxime : « Loin des yeux, mais près du cœur ».