Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années. C’est le cas du jeune Jean Fifi Nzuzi transfuge de FC Atome de Yolo pour le Daring-Faucon, CS Imana aujourd’hui le DCMP.
Il sera jeté très tôt dans le grand bain par l’entraîneur Paul Bonga Bonga (Bopaul) qui venait de reprendre les rênes de l’équipe chère à maître Taureau Boseko après plusieurs mois de préparation et des entraînements assidus, le temps d’être aguerri.
La rencontre contre le FC Dragons en 1970, sera le baptême de feu. Il sera avec l’ailier gauche Kakoko Emmanuel auteur de deux buts, Fifi Nzuzi l’homme du match avec sa technique à la brésilienne, ailier droit, un adonis, grand dribbleur et un artiste. Il sera le nouveau chouchou des « Tupamaros ».
« Tostao »‘ sera son surnom, le nom d’un champion du monde brésilien sacré au Mexique 1970 avec Pelé et la « Seleçao ». Après la victoire 4-2, il sera porté en triomphe jusqu’au domicile familial dans la commune de Kasa-Vubu. Le Daring avait fini par casser la tradition avec les Dragons’ à l’issue d’une rencontre épique et titanesque. Après plus ou moins 10 ans d’hégémonie.
Il aura désormais sa place au sein de Daring -Faucon aux côtés de Raoul Kidumu, Kakoko Manu, Makelele Soucous, Besi, Miolo Rigoudi, Mbungu Tex Mambeke, Mampuya, Mudindu, Babayila Sofia, Likimba, Montonga, Pelé Lembe, Kabamba, Muwawa, etc. Le Daring tenait sa pépite, Fifi Nzuzi à l’occurrence.
Qui se souvient encore des prouesses du jeune Fifi Nzuzi dans ces années-là ?
Il fut le plus grand jongleur de la République. D’ailleurs ses exploits feront la générique de l’émission du sport à la télévision dans laquelle on voyait le jeune Fifi Nzuzi jongler avec le ballon des heures durant sans discontinuer. Avec les deux pieds, genoux, tête, assis par terre dans un Stade du 24 novembre vide. Un talent à l’état pur. Aujourd’hui, il ferait des millions de vues sur YouTube. Il n’avait pas des concurrents à cette époque .
Fifi Nzuzi sera naturellement sélectionné en équipe nationale les « Léopards » comme un jeune talent aux côtés des grands du football zaïrois à l’époque. La relève était assurée. Mais le hic , il n’était qu’un footballeur par intermittence. Il privilégiait plus ses études. Normal. À l’époque, le football ne payait pas comme aujourd’hui. Et c’était plus réservé aux ratés de la société (sic).
Cible de défenseurs rugueux et brutaux, haché menu, à une époque où les artistes comme lui n’étaient pas protégés par les arbitres et n’étaient pas à l’abri des tacles assassins causant des blessures à répétition, il sera écarté de l’effectif de Daring-Faucon et presque oublié de suite aux pépins physiques. Et c’était en étant un joueur-libre qu’il va aller se relancer dans l’équipe de Ruwenzori National de Kuba Alphonse, entraînée par Eddy Akwete « Ben Bareck ».
Oublié des Imaniens…
Il va alors jurer de « punir » son ancien club, le Daring Faucon pour l’avoir négligé . Qui se souvient encore de la victoire de Ruwenzori sur Imana, score final 3-1 ? Dans laquelle Fifi Nzuzi et autres Katende « Le brun », Nzungu Amigo feront voir de toutes les couleurs aux Imaniens ?
Les « Tupamaros » seront très remontés contre leurs dirigeants après ce match pour avoir laissés filer leur pépite « Tostao ». Trop tard, le ressort était déjà cassé. Pour Fifi Nzuzi, Imana sera désormais l’équipe à abattre.
Après le Ruwenzori National, il sera transféré dans « l’Étoile du Zaïre » de Mbemba Raison, toujours avec comme cible Imana dans son collimateur. Étoile du Zaïre, la bête noire. Imana va encore souffrir. Fifi Nzuzi, Mbembe Muanimi, Celé « Matoyi » feront voir des vertes et des pas mûres aux Imaniens. Il jouait plus pour le plaisir, car il était à fond dans ses études. Pour lui, il était hors de question de réintégrer son ancien club.
Il quittera le pays pour la France, mais son heure de gloire était déjà derrière lui. Installé en France depuis, il est aujourd’hui un jeune retraité après une vie professionnelle bien remplie. Plusieurs fois père et grand-père, il est un fervent chrétien. Bon pied bon oeil et toujours Imanien.
Bonne retraite champion et grand jongleur en chef !