Le programme-phare de la journée dominicale de la RTNC reste sans conteste « Karibu variétés » qui captive plus d’un téléspectateur de la chaîne télé publique. Celle dont on dit par les principaux présentateurs qu’elle est « La chaîne mère » ou « L’église au milieu du village ». Que du chemin parcouru pour prendre la forme qu’elle a aujourd’hui après quelques mutations subies en cours de parcours !
C’est en février 1972 que la première émission a démarré, dira un jour (à Jean-Pierre Eale Ikabe) Kalonji Ngoy qui a obtenu l’accord de sa hiérarchie pour élaborer un programme de variétés qui devrait donner l’information au plan musical (actualités, sorties de disques, l’agenda des productions d’orchestres, etc.). De ce jour-là à aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous le pont mettant au devant de la scène différents présentateurs qui se sont succédé après avoir servi de tremplin aux divers artistes-musiciens.
Incontournable l’époque, l’émission a eu à faire face à une rude concurrence quand il s’est agi d’ouvrir par les pouvoirs publics l’espace médiatique (démocratie oblige) à une pluralité de médias audiovisuels ayant trouvé leur créneau dans cette arène. Et bonjour l’émulation : la rivalité s’y est donc invitée. Il fallait être performant pour exister donc…
En autant d’années (48 bien comptés), ce qui est devenu aujourd’hui Karibu variétés a aligné, à différentes époques et diverses dénominations (« Chronique musicale », « Invité du dimanche » avant de s’appeler comme aujourd’hui), dix présentateurs-vedettes…
A l’origine, Kalonji Ngoy, Tchamala Ping, Lukezo Luansi, Manda Tchebwa, Zacharie Bababaswe, Ilunga Muana Bute, Dieudonné Yangumba, Serge Kayembe, J.R. Lugembo puis Mamie Ilela. C’est cette dernière qui a battu le record de durée (17 ans sans discontinuer) dévançant Manda (15) de deux longueurs…
Force est de reconnaître que le programme qui avait atteint un pic d’audience jamais égalé a quelque peu fléchi en attractivité à cause, en premier lieu, de la baisse de l’intensité des productions musicales et aussi en rapport avec la grosse rivalité lui imposée par les autres chaînes télé locales venues titiller la chaîne mère.
Il est vrai que nombre de téléspectateurs lui reprochent la vacuité parfois criarde de la part des invités défilant sans grande envergure juste le temps de passer à l’antenne pour débiter des salutations ennuyeuses au détriment de l’information à proprement parler. « Karibu variétés est, à bien des égards, creux », observent certains qui préfèrent regarder ailleurs.
Beaucoup regrettent ce beau vieux temps au cours duquel le programme avait acquis ses titres de noblesse. On s’en souvient qu’un dimanche alors qu’il était donné pour mort à Paris (faussement d’ailleurs), Papa Wemba débarqua en pleine émission, dans les années 80 (avec Manda Tchebwa à la présentation) : le box-office a failli sauter… Le programme avait crevé l’écran ! On n’est plus en ce temps-là, nous dira t-on…
Tout compte fait, aujourd’hui n’est pas hier et ne sera jamais comme demain… Quoiqu’il en soit, la RTNC gagnerait davantage en cherchant à grignoter quelques parts de marché si les responsables de la chaîne publique réfléchissaient à lui donner un tout autre contenu afin qu’elle retrouve ses titres de noblesse. Sinon, on persévérera dans la platitude source du désaffection du grand public…
EIKB65 et B.M.