Construit en 1943 sur le site actuel du marché central une infrastructure de marché en plein air selon un plan type conçu par l’architecte Marcel Van Hentenryck, le Grand marché de Kinshasa remplaçait le marché couvert implanté en 1925 dans la première « zone neutre » séparant la « ville européenne » de la « cité indigène ».
Au début des années 1970, le président Mobutu décide de renouveler l’infrastructure dudit marché. Le nouveau marché est réalisé sous forme d’une structure composée d’une série de « parapluies » en voile de béton posés sur des colonnes est édifiée par Safricas et Coletin, deux firmes de construction belges.
Cette structure couvre une surface de 35 000 mètres carrés avec des pavillons destinés à des produits divers comme l’habillement, la quincaillerie, la papeterie, les vivres frais, la bijouterie et les produits de beauté, les produits divers, etc. A l’intérieur de certains pavillons, on retrouvait des chambres froides, des bars et de restaurants.
Le Grand marché de Kinshasa communément appelé Zando ya monene faisait office d’un hypermarché pour les Congolais à revenus moyens qui ne pouvaient pas accéder dans des grands magasins tel que Sedec.
C’était l’épicentre de la ville car tous les trafics convergeaient vers ce grand marché venant de quatre coins de la ville de Kinshasa et les Kinois venaient s’approvisionner soit à titre individuel soit pour achalander leurs boutiques ou petits commerces. A l’époque, les Brazzavillois traversaient le Pool malebo pour faire des provisions au grand marché de Kinshasa. Des bus de transport en commun, publiques comme privés comme OTCZ, STK, André Motors, Dilandos, Yengo, Ewawa de Malph empruntaient l’avenue Bokassa, s’arrêtaient sur l’avenue Rwakadingi pour répartir vers l’avenue Kasa Vubu. Le marché s’arrêtait au niveau de l’avenue Rwakandingi et aux abords du marché, il y avait des parkings pour ceux qui venaient faire les achats. Des jeunes gens avec des cartons accompagnaient les acheteurs à travers les différents pavillons et la circulation n’était pas dense et les gens mouvaient aisément. Toujours dans la périphérie, les véhicules de DAIPN (ferme présidentielle) venaient vendre des volailles, des œufs, des légumes, etc., des bouquinistes étalaient les livres à même le sol, souvent des livres que les blancs s’en débarrassaient.
Mais avec l’accroissement de la ville dû à un exode massif des populations d’autres provinces vers la capitale, l’activité commerciale a débordé largement les périmètres du marché pour s’étendre dans les avenues et rues avoisinantes.
Ce débordement de limites du marché a commencé avec le phénomène Zando ya bitula (marché des invendus), qui pour écouler les produits invendus après la fermeture du marché, des vendeurs, surtout ceux qui offraient les vivrais frais ou légumes, se rabattaient dans les rues jouxtant la périphérie du grand marché pour écouler le reste de leurs produits.
Suite à l’augmentation exponentielle du nombre de commerçants et au manque d’espace, les vendeurs ont commencé par occuper les abords des avenues pour enfin investir carrément les voies publiques rendant la circulation de personnes et de véhicules difficile. Fuyant la promiscuité à l’intérieur du grand marché, certains acheteurs ont pris l’habitude de s’approvisionner chez ces vendeurs qui étalent à l’extérieur du grand marché.
Constituant des revenus supplémentaires, les gestionnaires du grand marché ont commencé à percevoir des taxes et petit à petit des étalages ont investi la voie publique. L’occupation anarchique des alentours du grand marché est à la base de l’insalubrité qui y régnait en permanence car les espaces réservés à la collecte des déchets ont été octroyés aux vendeurs et on jetait les immondices n’importe où et n’importe comment.
Ce mouvement d’extension du grand marché est loin d’être estompé car tout l’espace entre les avenues Bokassa et Kasa Vubu jusqu’au niveau de la voie ferrée (Rwakadingi, Lowa, Luvua, Kato, Itaga, Maringa, De marais, De l’école et autres) est devenu un appendice du grand marché, les devantures de parcelles se sont transformées en magasins et boutiques ou en étals de divers produits et ce mouvement a commencé avec l’arrivée des Ouest-Africains qui avaient fui la guerre du Congo Brazzaville de 1994 et il s’est accentué plus avec le commerce avec la Chine.
Le pullulement de ces marchés pirates rend impraticables les routes adjacentes à cause de l’insalubrité qu’ils génèrent.
Face à ce drame, le gouverneur de la Ville, Gentiny Ngobila, a visité personnellement ce marché pour tâter la réalité des doigts et a promis de trouver des solutions adaptées contre l’insalubrité dans lequel se trouve ce grand centre de négoce avec plus de 10. 000 commerçants.
Une de solutions, selon lui, passe par la modernisation de ce marché en vue de le rendre plus salubre et cela s’inscrit dans la droite ligne de son programme de “Kinshasa-Bopeto”.
Gentiny Ngobila a déclaré que ce sont les 104 magasins construits par un sujet libanais qui sont à la base de la prolifération des marchés pirates, vu que les espaces qu’occupaient ces vendeurs ont été récupérés pour le lotissement de ces magasins et que cela ne profite pas aux populations kinoises et il a promis de les détruire.
Profitant du confinement de la Commune de la Gombe, le Gouveneur de la ville de Kinshasa a démarré les travaux d’assainissement et de la réhabilitation du Grand marché de Kinshasa.
L’image qu’affichait le grand marché de Kinshasa n’était pas digne d’un marché qui doit se trouver au centre de la ville et la décision des autorités de la ville de rénover ledit marché est salutaire pour redorer son image d’antan.
Herman BANGI BAYO