Deux jours durant, mardi et mercredi derniers, des échauffourées ont éclaté aux alentours du Palais du peuple où, impavides, un bon nombre de motocyclistes appelés communément « wewa », bille en tête, ont manifesté contre les propositions de lois sur la réforme du secteur judiciaire à soumettre aux députés. Lesquelles, selon toute vraisemblance, pourraient être utilisées en vue de restreindre l’indépendance de la justice et par ricochet sur le processus de désignation des membres de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante). Ces propositions émanent du duo de députés Aubin Minaku et Garry Sakata qui ont soulevé un véritable tollé auprès de la population ayant exprimé sa totale désapprobation. Comme dans le cadre de manifestations du genre, ceux qui ont conduit ce mouvement de protestation, se montrant prêts à en découdre, étaient face à la police dépêchée sur le lieu.
Mais pas qu’eux ! D’autres, comble de malheur, visiblement pas du tout concernés par cette grogne, se trouvant au mauvais endroit et mauvais moment, ont subi des exactions de la part des policiers. Lesquels auraient reçu l’ordre de charger les manifestants. Ils s’en sont pris violemment tous ceux qui bougeaient par là, en les extorquant, les dépouillant de leurs biens (argent, téléphones et autres). La faute au tandem Minaku-Sakata (pourrait-on dire) qui a été le vrai détonateur de cette vive opposition. Tout compte fait, les responsables de la police nationale ont le devoir de recadrer ses éléments qui n’ont jamais eu bonne presse et ne vivent pas du tout en odeur de sainteté avec les citoyens qu’ils considèrent comme leur proie sur laquelle immanquablement ils déversent leur bile. En somme des dommages collatéraux d’un mouvement qui a occasionné, plus loin, d’autres dégâts sur certaines personnes jugées proches de l’ancien président Joseph Kabila. Une habitation (celle d’un « patron » de presse, Télé 50) ainsi qu’un espace public (attribué à l’ancien gouverneur de la ville, André Kimbuta) ont été vandalisés. Une simple mèche peut embraser une bonne partie de la ville, si l’on y prend garde…
Bona MASANU