Son premier souffle vital, il l’a poussé le 4 novembre 1948 à Luluabourg (Kananga). Pierre Ndaye Mulamba surnommé « Mutumbula » a quitté le monde à Johannesburg (Afrique du Sud) le 26 janvier 2019 à 70 ans. Venu de l’AS Bantou du Kasai, il intègre l’AS Vita Club (1973) où sa carrière a pris sacrément du relief. Il a fait partie de cette escadrille qui a étrillé le célèbre club ghanéen Ashanti Kotoko de Kumasi (3-0 à Kinshasa) aux côtés de Kibonge, Mayanga, Kembo, etc. Sa sélection dans l’équipe nationale Les Léopards a conféré une autre dimension à cette terreur des gardiens de but. L’année d’après, Ndaye Mulamba alias Volvo, pour sa pointe de vitesse, fait parler de lui en phase finale de la CAN en Égypte où il a fait sauter les verrous du pays hôte en demi-finale (3-2) avant d’aller mystifier la Zambie lors d’une finale en double confrontation (2-2 d’abord après prolongation puis 2-0, deux jours après). C’est encore Ndaye qui était à la manœuvre. Tous ses coéquipiers avaient compris qu’ils avaient là un artificier capable de faire parler la poudre et il fallait seulement l’alerter et le tour était joué ! Avec un total de 9 buts à son actif lors de cette phase finale au Caire, il a ajouté un autre laurier à sa couronne qui commençait déjà à être bien garnie après le
trophée « Moseka » remporté de haute lutte par nos vaillants Léopards. Et pour couronner le tout, le président Mobutu leur a gratifié des présents (Maisons, voitures et un compte bancaire pour chacun). Des réjouissances populaires ont salué ce sacre et les nôtres ayant dominé l’Afrique se sont qualifiés également pour la Coupe du monde en Allemagne.
Carton rouge le 14 juin 1974
Alors que le continent africain tombait en admiration de notre team fanion, première selection noire à jouer à ce stade-là de la plus prestigieuse compétition mondiale, les Léopards sont tombés sur plus forts qu’eux : après l’Écosse (0-2), le Brésil (0-3), ils ont eu droit à un ronflant 9-0. Une douche froide qui nous a fait descendre du nuage… C’est au cours de cette rencontre que l’équipe a complètement sombré avec a la clé l’expulsion de Ndaye qui a vu rouge, un certain 14 juin 1974. L’arbitre l’ayant confondu avec le défenseur Mwepu qui aurait donné un coup de pied par-derrière à un Yougoslave. Sa carrière a pris un sacré coup à partir de cet instant. Revenu au pays sans grande envergure, le rêve de rebondir véritablement s’étiole et la remontée n’a pu suivre la courbe de l’espoir qu’il caressait : celui de revenir à la lumière. Invité très souvent lors des finales de la CAN, en reconnaissance de ses performances, par brassées, il a eu droit aux éloges dus à son statut de recordman de la compétition. Son propre pays n’a plus fait grand cas de ses mérites, il est tombé dans l’oubli.
Malade, Ndaye Mulumba attendait depuis des mois son transfert à l’étranger.
Soufrant d’une gonarthrose tricompartimentale du genou gauche, il devrait se rendre à l’étranger (Afrique du Sud, Maroc ou Inde) pour des soins appropriés. Cette pathologie nécessitait une prothèse totale du genou pas disponible sur place nécessitant le transfert du patient avec 50 ou 60 000 $. Face aux atermoiements du gouvernement, il a dû se résoudre à attendre qu’on se décide à le faire soigner. Il partit finalement en Afrique du Sud où plus tard il rendra l’âme. Sa dépouille fut rapatriée à Kinshasa où quelques honneurs lui ont été rendus lors des funérailles avec distinction à titre posthume au Palais du peuple…
Bona MASANU