Un trait est en train d’être tiré sur l’affaire Benoît Lwamba Bindu, le désormais ex-président de la Cour constitutionnelle et président du Conseil supérieur de la magistrature dont le PV de prise d’acte de sa démission a été déposé lundi 13 juillet sur la table du chef de l’État.
Dans sa correspondance datée du lundi 13 juillet référencée n°271/CC/CAB-PRES/07/2020, le président ad intérim de la Cour constitutionnelle, M. Funga Molima Mwata Evariste-Prince, a transmis au président de la République Félix Tshisekedi le procès-verbal de prise d’acte de la démission de Benoît Lwamba Bindu, de ses fonctions de président de la Cour constitutionnelle et président du Conseil supérieur de la magistrature.
Légalement, cette correspondance de la haute Cour vient mettre fin à la saga Benoît Lwamba, faite de vraie-fausse-vraie démission. On peut conclure sans crainte d’être contredit que le sort de Lwamba est déjà scellé. Il est bel et bien parti de la Cour constitutionnelle.
Enquête sur cette démission
Entretemps, le dimanche 12 juillet 2020 en fin de journée, des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR) ont été signalés à la Cour constitutionnelle.
Ces agents en mission ont exigé de M. Ngoy Kalenda, directeur de cabinet du haut magistrat Benoît Lwamba, les sceaux et registres des courriers de la haute Cour.
Ce qui veut dire, aux yeux des observateurs avertis qu’une enquête est enclenchée sur cette démission d’abord démentie puis confirmée par certains médias, dont le magazine Jeune Afrique qui fait référence et surtout la lettre de démission qui circule sur les réseaux sociaux.
En clair, les démentis ne semblent pas convaincre les hautes autorités. D’où le sens de cette enquête pour faire la lumière.
Une démission bel et bien confirmée
Dans son édition électronique de ce samedi 11 juillet 2020, Jeune Afrique a confirmé la démission secrète du haut magistrat Benoît Lwamba Bindu, président de la Cour constitutionnelle, également président du Conseil supérieur de la magistrature.
« Bien qu’il ait publiquement démenti avoir démissionné de la présidence de la Cour constitutionnelle, Benoît Lwamba a, en réalité bel et bien quitté son poste », note jeune Afrique.
D’après ce média panafricain, Benoît Lwamba a été reçu par le président Félix Tshisekedi le 4 juillet. Le président de la Cour constitutionnelle était alors venu informer le chef de l’État de sa volonté de démissionner de son poste.
Visé par les Américains
Jeune Afrique rappelle que Benoît Lwamba est visé par des sanctions américaines depuis février 2019. Il fait partie d’une liste de responsables congolais proches de Joseph Kabila mis en cause par Washington pour leur rôle présumé dans le processus électoral de décembre 2018, aux côtés, notamment de l’ancien président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku ou encore de l’ex-président de la Ceni, Corneille Nangaa.
Ancien directeur de cabinet du conseiller spécial de Joseph Kabila en matière de sécurité, Lwamba Bindu a été président à la Cour suprême de justice, avant d’être investi en 2015 à la tête de la Cour constitutionnelle et du Conseil supérieur de la magistrature.
Selon Jeune Afrique, les raisons personnelles et notamment son poids d’âge, 75 ans ont motivé sa décision.
Le haut magistrat a surtout évoqué auprès du président Félix Tshisekedi les « pressions » qu’il dit « continuer » à subir sans révéler de qui?
Présentement à Bruxelles
Dans sa lettre de démission, déposée sur le bureau du procureur général près la Cour constitutionnelle le 27 juin 2020, Benoît Lwamba explique avoir affronté, « de dures épreuves ayant permis à [leur] pays, tout en gardant le cap, de traverser des moments historiques ». C’est lui qui avait validé l’élection de Félix Tshisekedi en janvier 2019.
Le haut magistrat démissionnaire a ensuite demandé au chef de l’État de faciliter son évacuation à Bruxelles, où il se trouve actuellement, afin qu’il puisse y recevoir des soins. « Il avait des difficultés pour partir en raison de la pandémie de coronavirus, et le chef a accepté d’accéder à sa demande afin qu’il soit prise en charge », confie une source dans l’entourage présidentiel, révèle Jeune Afrique.
Camouflage
Dans un communiqué publié le 10 juillet 2020, Benoît Lwamba avait démenti les rumeurs faisant état de sa démission.
« Il est sous pression de certains responsables du FCC », susurre-t-on au sein du cabinet de Félix Tshisekedi. Les sept autres membres de la Cour constitutionnelle ont pourtant bel et bien pris acte de sa volonté de quitter son poste dans une lettre datée du même jour et que Jeune Afrique a pu consulter.
Dans ce courrier, ces magistrats expliquent n’avoir « trouvé aucun motif de nature à contrarier cette démission volontaire », écrit par ailleurs le magazine Jeune Afrique.