A nouveau à 2000 FC le dollar !
Une somme de 2000 francs congolais pour un dollar, la population subit de plein fouet la crise financière en RDC. On a jubilé dans de nombreux coins de la capitale lorsque 1 dollar se négociait à un peu plus bas de son niveau actuel : jusqu’à 1500 avant de faire une remontada en moins d’une semaine. La population a dû déchanter. Les taux ont disparu des tableaux noirs auxquels on nous a habitués. Un communiqué de l’institution monétaire du pays mettait en garde les cambistes sui dictent la conduite à tenir en cette matière.
Le franc congolais, déjà historiquement déprécié, a encore perdu en quelques jours 20% de sa valeur face au dollar, la devise la plus utilisée dans le pays.
Avec le coronavirus, c’est désormais la crise monétaire qui s’invite en RD Congo. Le franc congolais a perdu en quelques semaines 20% de sa valeur face au « roi » dollar. Alors que le taux de change était stabilisé à la mi-juillet autour de 1600 francs pour un dollar, la devise nationale a brusquement dévissé. Il faut désormais 2000 francs pour obtenir un dollar.
Inflation record
Avec l’épidémie du coronavirus, l’activité économique ici aussi a été mise à l’arrêt, et elle tarde à repartir. Les prix ont explosé, l’inflation est officiellement annoncée à 21%, mais elle est sans doute supérieure. Dans la région du Kivu, selon le Kivu Security Tracker (KST), les prix de certains produits alimentaires à Goma ont bondi de 50% (huile d’arachide) à 88% (sel), et ce dès la fermeture des frontières à la fin mars.
Les modestes économies des particuliers ont fondu. Autre conséquence de la fermeture des frontières, l’argent de la diaspora ne rentre plus dans le pays, appauvrissant un peu plus une population qui vit avec en moyenne 1,5 dollar par jour. Face à l’effondrement de ses recettes fiscales, le pouvoir central a puisé dans ses réserves de devises. « Elles sont passées de 1,2 milliard de dollars en mars, à 850 millions de dollars en juillet, aggravant la surchauffe », explique l’AFP.
La loi du marché
Et désormais le billet vert se fait rare. Le directeur de la Banque centrale du Congo, Jean-Louis Kayembe, ne peut que reconnaître son impuissance. « Nous ne sommes pas dans un régime de change fixe, où la parité est fixée par l’autorité monétaire, la Banque centrale. Nous sommes dans un régime d’échange flottant, c’est-à-dire que le taux de change est déterminé par les forces du marché, selon la loi de l’offre et de la demande », a-t-il déclaré sur Radio Okapi.
Et la rue dicte sa loi, faisant flamber le cours du billet vert. Certains le voient même dépasser bientôt les 2600 francs pour un dollar. Or dans le pays, en raison de la défiance historique vis à vis de la monnaie locale, érodée par l’inflation depuis sa création en 1998, 85% des transactions s’effectuent en dollars. De fait, le dollar est devenu la monnaie nationale. Sauf que les salaires sont versés en francs congolais.
Un dollar roi
Ainsi, « les fonctionnaires, payés en monnaie locale, ont perdu plus d’un quart de leur pouvoir d’achat à cause de l’inflation », explique l’AFP.
Face à cela, le gouvernement demande aux Congolais de ne pas céder à la panique, et en appelle à la solidarité nationale. En clair, remettre en circulation du dollar, ce qu’il a d’ailleurs fait en empruntant sur les marchés financiers.
Une compilation de
Bona MASANU