En 1968, ayant été suspendu de toutes les activités musicales durant 3 mois pour n’avoir pas été à temps au gala organisé par le président Mobutu car il répondait à l’invitation de la fête de baptême de la fille de Victor Nendaka, Sophie Elodie, Tabu Ley avaient mis ses matériels à la disposition des musiciens de Thu Zahina pour les répétitions et cela sur demande de son neveu Pelasimba. Cette faveur avait permis aux musiciens de cet orchestre de maitriser le maniement des instruments et de peaufiner leur répertoire. D’autres orchestres comme Zaïko Langa Langa, Stukas Ley, Tabu National, Viva la musica ont également bénéficié des faveurs de Tabu Ley.
- Tabu National
En 1967, Tabu Ley rassemble quelques musiciens venus de Lubumbashi pour jouer la première partie de ses concerts. Ce groupe est composé au départ du soliste et chanteur Lolo, du chanteur Teddy, de l’accompagnateur Bruce, du bassiste Bovic qui alterne avec Johnny Bokosa et du drummer Brando.
S’inspirant de la musique pop, cet ensemble interprétait des chansons en vogue de la musique européo-américaine et cela permettait d’étendre son registre aux variétés internationales.
Bovic quitte le groupe avant le voyage de Montréal de 1967 et le reste du groupe profite de l’escale de Bruxelles pour prendre tangente.
C’est sur instigation de Jacques Lutumba, ancien membre du comité d’honneur de Zaïko Langa Langa, un natif de la commune de Lingwala, qu’on relance l’orchestre en 1971.
Et Kisangani Espérant est de la partie avec d’autres compagnons tels que Clément Djoboke, Djo Mabuse, José Ikomo, Djo Djo, Antoine Bokilo, Bosuka Boskin, Lutula Paki, Zangila Popolilpo, Falvien Makabi, etc.
Ils bénéficient de la bienveillance de Tabu Ley qui accepte de parrainer l’orchestre Tabu National lors de sa sortie officielle le 15 août 1971 à la Maison Blanche et le discours inaugural a été prononcé par la rocherette Marie-Claire Saïdi.
- Zaïko Langa Langa
Après sa sortie officielle, l’orchestre Zaïko Langa Langa a aussi bénéficié des faveurs de Tabu Ley qui par l’entremise de son cousin Olemi Eshar. Les musiciens de cet orchestre venaient répéter avec les instruments d’Afrisa international à Kingabwa Limete pour mettre à point leurs premières chansons enregistrées au studio Phillips.
- Stukas Boys
L’orchestre a été fondé en 1969 dans l’ex quartier Immo Congo, actuel Quartier du 20 Mai avec comme musiciens Lomingo Alida, Pierre Nkumu, Damien Ndebo, Narcisse, Matima Mpioso, Zacharie, etc. Lita Bembo et Papa Wemba sont venus les rejoindre après. Félicien Nzeza était l’arrangeur principal et Dedes et Miltoni étaient le président et vice-président.
En 1970, la crise éclate au sein de l’orchestre, les jeunes de Sendwe créent l’orchestre Stukas Flams avec Lita Bembo et Lomingo Alida reste avec le Stukas Boys.
Lors de la réconciliation de 1971, Lita Bembo devient la tête d’affiche de l’orchestre et sous les auspices de Bernard Longange, l’orchestre va larguer sur le marché du disque des titres tels que Soucis, Mwasi, Credo, etc.
Une autre dislocation survient, Lomingo et certains musiciens vont créer Stukas Lokole et Lita Bembo de son côté crée Stukas Boys.
L’année suivante, on assiste à une autre scission après le voyage de Matadi et ils se font parrainer par Tabu Ley et l’orchestre adopte le nom de Stukas Ley. Tabu Ley les dote d’un instrument de musique et sa femme Thété est la marraine du groupe. De 1972 à 1973, c’est Seli-Ja, collaborateur de Tabu Ley qui produit les œuvres dudit orchestre dont la chanson Baleki baye qui connait un franc succès.
Lita Bembo abandonne l’orchestre et se rend à Kipushi chez ses parents durant six mois et à son retour, il se fait incarcérer par Tabu Ley qui récupère les instruments cédés à Stukas Ley.
- Viva la musica
Idole de sa jeunesse, Papa Wemba a sollicité le parrainage de Tabu Ley pour la sortie de Viva la musica. Outre l’espace scénique, Type K, Tabu Ley avait mis beaucoup d’argent et mobiliser toute la logistique pour la réussite de cet événement. Location des matériels de son et lumière : équipements à prix d’or et trois rangées de projecteurs.
Pour Papa Wemba, la symbolique était forte d’évoluer sur la scène de son idole et mentor, le Type K. Et cette sortie officielle a connu un succès sans précédent car la salle avait refusé du monde.
Ces quatre exemples viennent de mettre en exergue une autre facette de Tabu Ley Rochereau, celle de parrain des orchestres de jeunes que bon nombre ignorent. Son parrainage a été en grande partie du succès que lesdits orchestres avaient récoltés lors de leurs débuts.
Herman Bangi Bayo