En grandissant, je voyais les hommes et rarement les femmes au volant. Et dans mon for intérieur, je me disais que c’était le seul apanage des hommes. C’était alors une curiosité que d’en croiser une au détour d’un regard. Et vers mes 13 ans, en 1968, j’habitais Bandal et mon oncle Pierre Omotua, autrefois directeur général de la Regideso, résidait au centre-ville, derrière l’Ambassade des USA, sur l’actuelle avenue Gécamines, conduisant vers l’ex-beach Fima (actuel Ngobila). C’est chez lui où j’allais passer mes vacances avec obligation de ne s’exprimer qu’en français. C’est durant mes séjours que j’ai aperçu pour la première fois une femme au volant : ah voilà ! Etc’était la femme de mon oncle et en plus c’est elle qui nous conduisait à bord sa Renault 4. mpressionné, je trouvais ça quand même normal !
Plus tard, j’apprendrai que cela était réservé aux hommes durant la période coloniale. A la grande surprise de colons, une femme s’est présentée devant le jury qui délivrait le permis de conduire et a satisfait aux épreuves y afférentes. Tout cela s’est passé en 1955, cinq ans avant l’indépendance. Une jeune femme de 22 ans conduire un véhicule à cette époque était tout aussi surprenant qu’admiratif. D’autant que, selon l’idée répandue, c’est une tâche exclusivement réservée aux mâles. Pour la famille, c’était un motif de fierté, les photos prises ce jour-là ainsi que son permis de conduire sont jalousement gardés, nous a confié sa petite-fille Viviane Ndjoli. En plus, Victorine Ndjoli (qu’on appelait affectueusement Vicky) fait également partie de ces premières dames engagées dans la politique.
Jusque dans les années 70, il était bien rare de voir des femmes conduire de véhicules et chose exceptionnelle, la Société de transport kinois (STK), créée le 23 septembre 1968, en avait une du nom de Sudila. Une autre qu’on croisait au volant à l’époque était ma mère nourricière Mado Mondeke (Mokrano aussi le titre d’une chanson lui dédiée par Rochereau). Ces vaillantes dames, des pionnières ont ouvert la voie à bon nombre de leurs congénères qu’on croise sur les artères de la ville de Kinshasa. Dans un passé récent, la société Transco avait en son sein une jeune dame comme conductrice de bus.
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