L’ensemble d’enseignements se faisant dans les établissements scolaires et structures d’animations concernant la citoyenneté et les valeurs qu’un système éducatif veut diffuser est appelé éducation civique. Elle diffère selon les pays et les époques et vise à transmettre les valeurs essentielles de la société démocratique. Son objectif est de traiter notamment du respect d’autrui et du bien commun.
L’enseignement de l’éducation civique et bien au-delà, politique, est plus qu’indispensable pour l’avenir de la République comme la nôtre.
C’est le socle insoupçonnable dans un pays qui se veut sérieux et progresser. Il s’agit d’amener les enfants entre autres à l’appropriation de la nation comme étant leur appartenance commune la plus importante. C’est donc la fondation même de celle-ci (nation), étant donné que les hommes passent, mais elle est appelée à leur survivre. Son futur est donc tributaire de ce que l’on fait de sa jeunesse aujourd’hui.
Dans ce cadre, il n’y a pas d’enseignement plus important, plus noble, que celui relatif au respect à accorder au bien public. Il s’agit de la priorisation de la révérence à accorder au bien collectif. Mais pas que les enfants qui ont besoin d’une éducation du genre… C’est le lieu commun de le dire et une banalité de l’affirmer, que les mœurs se sont liquéfiées et les valeurs morales rompues ! Au détriment du pays qui en pâtit énormément.
Aujourd’hui, la rue et sa dépendance le caniveau sont devenus le point de chute de tout : détritus divers y atterrissent sans que cela ne puisse émouvoir qui que ce soit.
A ceux qui osent le leur reprocher, ils rétorquent, sur un ton plein de morgue, qu’il s’agit-là de la rue, du caniveau ou de la rivière de l’État. Car dans la conception de plusieurs d’entre eux, un bien de l’État est donc celui de tout le monde et de personne en particulier.
Moralité : le bien commun, c’est le terrain de décharge, où il convient, sans tabou et sans retenue, de jeter tout ce dont on n’a plus besoin. Le bien commun, doit-on leur apprendre, que ce qui appartient à la collectivité. Mais diantre doit-on profiter de la moindre occasion pour accaparer une partie pour en faire sien ? Ce ne sont pas seulement les enfants dont il est question ici, disions-nous…
La conséquence immédiate qui découle du manque du civisme est que la grande majorité de compatriotes qui sont appelés aux affaires trouvent, à travers cette élévation, l’occasion propice de se sucrer au maximum. « C’est notre tour », entend-t-on souvent, lorsqu’un compatriote devient ministre ou PDG. Ceux de sa famille qui vivaient au village rappliquent, sa maison se remplit, pleine chaque matin. Chacun veut avoir sa part.
En se comportant ainsi, tous, sans sourciller, ont intériorisé la philosophie du « tour » qui est le leur. L’heure est donc arrivée pour eux de prendre part au partage du gâteau national : un terme indigeste, insipide. On n’attend pas de lui qu’il rende un quelconque service à la nation, mais qu’il puise plutôt dans les caisses sous sa gestion afin de faire profiter à tous les siens les mannes de la République.
Car ces gens ne sont pas idiots. Ils savent que le frère promu n’assurera pas toutes ces largesses avec son propre salaire. Mais personne ne comprendra qu’il puisse refuser de prendre ce qui n’est pas à lui. Sinon, il ratera l’occasion de sa vie.
Un octogénaire interpella, un jour, l’actuelle génération, en ces termes : « Nous, on a aimé et servi le pays, mais vous, vous ce qui vous intéresse ce sont les postes et l’argent ». C’est tout dire !
Que dire ? Ces gens n’avaient pas besoin d’argent ? Que non ! Mais ils savaient que leur modeste personne était inférieure à la nation. Ils étaient tellement bien éduqués et préparés qu’ils avaient intériorisé le sens du respect et de l’amour à accorder au bien commun. Le bien commun n’est-il pas le bien de tous ?
Le Congolais a tellement perdu ses repères qu’on ne sait plus, aujourd’hui, distinguer l’élite de la crapule. Ceux qui tiennent à ne plus jamais être appelé autrement qu’excellence ou honorable se conduisent exactement, voire pire, que les canailles. Et on entend invariablement des interrogations du style : « Est-ce toi qui vas sauver le Congo ? » Cela n’est plus l’apanage des insensés. On l’entend même de la bouche de certaines « autorités ». Les valeurs sont inversées. A la base ? Cette carence de la notion de la nation qui a perdu tout son sens… Malheureusement.
Bona MASANU