Fils d’un musicien Aubin Boukaka et d’une mère chanteuse-animatrice des veillées mortuaire, Franklin Boukaka est né le 10 octobre 1940 à Brazzaville. Chanteur engagé et panafricaniste, il a travers ses œuvres lutté pour la libération et l’unité de l’Afrique. Il a mis son talent et son intelligence au service de son pays, de l’Afrique et de tous les peuples opprimés du monde pour leur émancipation et développement.
Il commence sa carrière musicale en 1955 dans le groupe Sexy Jazz fondé par Miguel Samba, Siscala Mouanga et Aubert Nganga. Il intègre ensuite l’orchestre Sympathic Jazz et fait partie de la tournée de ce groupe à Kinshasa et au Cabinda.
Quelque temps après, il forme à Kinshasa avec Michel Boyibanda, Jean Mokuna Baguin et Max Massengo, l’orchestre Negro Band.
Après y avoir passé quelques mois, Franklin Boukaka rejoint Edo Clary Lutula, Jeannot Bombenga, André Kambite Damoiseau, Tabu Ley Rochereau, Mutshipule Casino, Papa Bouanga, Charles Kibonge au sein de l’orchestre Jazz Africain où il participe aux enregistrements de premières chansons de Rochereau : Mwana mawa, Catalina cha cha et Marie Josée.
En 1959, à la dislocation de l’orchestre Jazz Africain, tous les musiciens y compris Franklin Boukaka à l’exception de Tabu Ley vont aller fonder l’orchestre Vox Africa, sous le leadership de Jeannot Bombenga.
Comme le firent ses ainés qui sont rentrés pour créer l’orchestre Les Bantous de la capitale à la veille de l’indépendance de la République du Congo Brazzaville, Franklin quitte Kinshasa au début de l’année 60 et intègre le groupe Cercul Jazz. Il séjourné 8 mois avec cet orchestre au Cameroun entre 1965-1966.
En 1967, il sort aux éditions Epanza Makita de Franco la chanson Pont sur le Congo avec l’orchestre le même orchestre Cercul Jazz.
Après plusieurs années de scène, il abandonne la rumba congolaise pour une nouvelle expérience musicale avec son propre groupe composé de trois joueurs de sanza exploitant divers genres musicaux rumba, cha cha cha, boucher, Jazz, zebola et boléro. Et c’est le début d’une carrière professionnelle qui va le conduire à travers le monde : Moscou, Berlin, Belgrade, Pékin, Paris, Madrid, Oulan Bator (Mongolie). Il sort à Paris chez Gilles Salla un 30 cm avec le titre phare Bayembi ya Congo dédié aux musiciens congolais.
Son plus grand succès phonographique est sans nul doute l’album Le bûcheron enregistré à Paris avec la réalisation de Manu Dibango en 1971 où on trouve des chansons comme Nakoki, Les immortels, Mouanga, Le bûcheron, Louzolo, Ozali, Bibi, etc. Lors de son séjour parisien, il a bénéficié d’un stage d’animateur culturel à l’Unesco.
Chanteur engagé, il exploite plusieurs thèmes dans ses chansons entre autres la lutte révolutionnaire des peuples opprimés, la gabegie, la destruction des infrastructures économiques, la décolonisation, les injustices sociales, etc. Certaines de ses chansons ont été interprétées par des grands orchestres comme Mouanga par Aragon du Cuba et Broadway des USA, El Gran Combo, Typica Novel, etc. et Le bûcheron a été repris par Manu Dibango, Aïcha Kone et le groupe Bisso na Bisso.
Accusé de complot avec un groupe de militaires putschistes, il sera fusillé à Brazzaville dans la nuit du 23 au 24 février 1972 à l’âge de 32 ans au moment où il devrait répondre à l’invitation du président du Conseil national de la culture du Cuba à Havane, Luis Pavon.
Herman Bangi Bayo