Au lendemain des élections de décembre 2018, le FCC, qui y a acquis une puissante majorité au sein du Parlement, des assemblées provinciales, à la tête des provinces, ne donnait aucun signe de remords sur la présidence perdue. Il est réconforté dans cette position par un deal politique, non jamais révélé à l’opinion, signé avec le successeur de Joseph Kabila, son autorité morale. Il fallait être tranquille car tout est sous contrôle. Cependant, en une année et 10 mois, la balance politique connaît une inclinaison. Aujourd’hui, le FCC dénonce, accuse, regrette, en tout s’agite.
Les récents remous au sein de la coalition FCC-CACH au pouvoir, avec en trame les ordonnances présidentielles de juillet 2020, ne sont pas à l’avantage du Sénateur à vie. Les jérémiades de certains membres du FCC illustrent que la tournure et le contrôle des événements leur échappent. Actuellement, les proches de Joseph Kabila cherchent la dent de fourmis dans un sac du sable.
La famille politique du sénateur à vie est en train de regretter la perte de la Cour constitutionnelle en vue. « Nous avons mal géré le vieux Benoît Lwamba. Nous avons été distrait et moins intelligent. Félix Tshisekedi en a profité pour placer les magistrats de son obédience », murmure-t-on au FCC. Oui, c’est à partir de la démission de l’ancien président de la Haute Cour, que le président de la République a dû placer les 3 nouveaux juges dont le FCC tient à bloquer la prestation de serment.
Peine perdue car Tshisekedi tient à aller au bout de sa logique. Le refus et le bocage du FCC lui permet de se saisir de la crise institutionnelle, une passe en or qui lui permettra de dissoudre le Parlement, organiser des élections anticipées pour trouver une autre majorité parlementaire. Ce qui est vrai est que les forces en présence ont changé d’un côté comme de l’autre.
Tshisekedi, « le moins mal » du FCC, (il semble avoir été préféré à d’autres candidats de la présidentielle de 2018 pour succéder à Joseph Kabila), donne aujourd’hui du fil à retordre à un FCC, qui n’a cessé de vanter son contrôle de toutes les institutions. Là, il y a encore du regret sur le deal politique signé avec l’enfant de la 10e rue, aujourd’hui imprévisible.
La Cour constitutionnelle mais aussi « le deal politique»
Dunia Kilanga, secrétaire national du PPRD chargé de mobilisation, n’avait pas retenu sa langue lors d’une causerie morale, en novembre 2019, avec les jeunes de son parti. « Félix Tshisekedi est au pouvoir grâce à Kabila. Mais en dépit de ses sacrifices, il y a des Congolais qui ne veulent pas reconnaître ses hauts bienfaits. Mais nous disons si Tshisekedi est président, ce n’est pas de la volonté de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), c’est de la volonté de Joseph Kabila », avait-il taquiné.
Si les choses se sont déroulées comme le PPRD le dit, c’est qu’il y a plus de regrets aujourd’hui que de joie. L’homme qui devrait être en poche, a sorti ses griffes et la poche est déchirée. Il se permet plus jusqu’à donner des instructions. Mais le pouvoir de Tshisekedi s’est étendu même sur certains cadres du FCC. « Ils sont nombreux qui, de nuit, confient beaucoup de secrets à Tshisekedi », dénonce, sous anonymat, un cadre de l’AFDC-A.
Les regrets du FCC sont aussi sentis sur la fameuse instauration de l’Etat de droit de Tshisekedi. Par l’entremise de Jeanine Mabund a, la puissante machine a dénoncé « la République des juges » qui s’est donné le luxe d’inquiéter même les élus nationaux, couverts d’immunités. Mais cet Etat de droit, si son instauration est effective et réussie, il devra se saisir de mille et un soupçons de crimes de tous genres commis par le FCC durant les 18 ans de règne. D’où le regret d’avoir sympathisé et coalisé avec quelqu’un qui veut les détruire aujourd’hui.
Ces regrets sont susceptibles de créer de vives dissensions au sein de l’armada kabiliste. Certains cadres pointent du doigt leur autorité morale d’être lent, face à un Tshisekedi rapide et prompt à l’action sur un moindre détail qui peut lui être avantageux. Dans ce contexte, certains caciques, sont de plus en plus convaincus que leur chef joue sa partition en se protégeant en leur défaveur. Tout se passe comme si Kabila les a livrés entre les mains de son successeur.
Ricky KAPIAMBA