Rien qu’au mois de mars dernier, j’ai assisté à deux de ses brillantes prestations. D’abord le 23, au Showbuzz, à l’occasion de la soirée d’adieu sur scène de Lutumba Simaro. Il est monté sur le podium pour faire sa présentation et une petite tranche comique bien rythmée à la grande satisfaction de l’assistance.
Puis le 31, dans la même salle, à l’occasion de l’anniversaire des 70 ans d’âge de Jo Bakali Sembe. Ce soir-là, il a encore fait étalage de ses talents d’humoriste, en sortant l’artillerie lourde. Un numéro désopilant mettant en scène un fervent chrétien catholique, du nom de Papa Yende (un vieux mongo) qui assistait l’officiant de la messe à la distribution de la communion qui s’accompagne d’une formule usuelle : « Corps du Christ » à laquelle devrait répondre le communiant par « Amen ». Papa Yende avait un problème avec cette rituelle formule qu’il balbutiait. Je vous épargne le reste.
Pour revenir à l’artiste Jean Goubald, je le découvre vers la fin des années 1900. Je le revois encore arpentant les rues de Kinshasa sous un soleil d’aplomb avec une casquette visée à la tête et toujours une guitare en bandoulière. Dans sa mallette, il avait la maquette de l’album qui va le révéler plus tard au public « Bombe anatomique ».
Puis, je le retrouve après, au début des années 2000, avec un groupe d’accompagnement animant chaque dimanche, à la terrasse de l’Hôtel de la Gombe, des soirées endiablées. Puis, je l’ai retrouvé chez un jeune ami à moi, qui a passé l’arme gauche (paix à son âme) qui était aussi son pote. Le défunt, pour son plaisir et pour l’amitié, va le produire pour son deuxième album en l’envoyant à Dubaï. Et moi, je l’ai offert en production pour le mariage de mon jeune frère Bedy Eale et pour mon anniversaire à l’occasion de mes 59 ans.
Mais qui est ce jeune intello musicien que ne cessent de me demander mes amis virtuels? Jean Goubald Kalala est un pur Kinois. Fils d’un juriste, Jean Goubald, né Jean Marie Kalala, a poussé son premier souffle vital le 22 mai 1961, à Mbuji Mayi au Kasaï oriental. Il a grandi à Lemba avant de devenir, artiste-musicien, philosophe. Il a étudié au collège Albert 1er et a fait Lovanium, aujourd’hui Unikin, où il a suivi un cursus pour devenir Pharmacien.
Il est marié à Hannah Simbu Branco et père de 4 enfants. Mais comme il avait la musique dans le sang, il a fini par succomber. Mais ayant constaté trop de médiocrités dans notre société, il a repris le chemin de l’Université pour terminer ce qu’il avait commencé. D’ailleurs, un de ses enfants est en train de poser ses pieds sur le sillon qu’il a creusé et l’autre est un brillant footballeur.
Avec lui, j’ai en partage entre deux discussions un verre de bière. Ça n’a jamais fait du mal à personne. Son dernier opus s’intitule « Normes ». Pourvu d’une diction impeccable, il tente, à travers ses chants, teintés de philosophie avec des tons sarcastiques (humour en avant), de recadrer les comportements de ses semblables dans une société dont beaucoup s’illustrent négativement.
Les mots pour dénoncer les maux. Pense-t-il qu’il sera écouté ? C’est la fonction de l’artiste de donner toujours des coups de marteau, un jour ça fonctionnera, semble se dire Jean Goubald, qui se dresse vent debout contre les digressions, les anti-valeurs qui dominent notre environnement. L’histoire nous le dira un jour s’il a réussi. Tant que Dieu lui donnera la force, il n’y renoncera point. A l’écouter, on y apprend beaucoup, à moins d’être marteau ou avoir été fait d’une autre matière que la chair humaine pour ne rien comprendre.
Entre-temps, s’il vient chez vous sur un air de musique, réservez-lui l’audition convenue. De la matière, il en a à revendre…
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