Le ballon rond congolais a connu une de ses exaltantes épopées vers la fin des années 70. Des joutes, qui enthousiasmaient tout un peuple, se déroulaient au stade Tata Raphaël (devenu 20 mai), où on s’extasiait à satiété les dimanches après les messes dominicales. Des derbys comme V.Club-Daring (ou Imana), Dragon-Daring étaient des attractions qui ne manquaient pas d’assaisonner les conversations.
Pendant que Dragon (avec Mokili Saio et Mvukani) était assuré de toujours battre le rival Daring, sous François Bila (Bilaf), le président du club, côté Daring on cherchait cette perle rare qui viendrait mettre fin à ces années de domination. Vers 1968, on la trouva : en la personne de Emmanuel Kakoko Etepe. Pas encore 18 ans, le jeune venu de Matete a compris et accompli la mission lui assignée : casser cette hégémonie qui n’a que trop duré.
Des gestes chaloupés et des coups de pattes, qui en découlaient, ont fait de Kakoko ce héros en forme de messie que Daring attendait. C’était sous Jonas Mukamba (surnommé Sukisa), qui a mis fin à ces années de braise des Tupamaros avant que Papa Poto Galo ne vienne laisser son empreinte. Imana devenu est comparé à Ajax d’Amsterdam avec comme têtes de file Johan Cruyff et Neeskens.
Au plan local, Kakoko, Kidumu, Fifi Nzuzi, Mbungu Tex font figure de stars. L’adolescent et beau gars de Matete devient sans contredit le chouchou de toute une nation. Bien évidemment les portes du team fanion (Léopards) lui sont grandement ouvertes. A l’aile gauche, Kakoko se joue de ses adversaires qui doivent user de tout pour espérer l’arrêter. Si ce n’est pas son pied gauche, c’est l’autre qui fait l’affaire.
Il a fini par taper dans l’œil des recruteurs des Stéphanois de l’AS Saint Etienne alors que le Mundial en Allemagne bat son plein après la consécration en Egypte (CAN 74). Le président Mobutu ne voulant pas perdre cette perle s’y oppose catégoriquement…
Puis l’expatriation…
Après la CAN 1976, en Ethiopie où les Léopards ont défendu leur titre gagné deux ans plus tôt en Egypte, Kakoko quitta Kinshasa sur la pointe des pieds. Embarqué dans un avion, il est allé en Europe avec, disait-on à l’époque, la bénédiction de Poto Galo, ancien président du CS Imana. En effet, Kakoko, qui travaillait chez Mercedes Benz, a bénéficié d’une bourse du constructeur allemand d’automobiles pour poursuivre une formation au pays de Franz Beckenbauer.
Kakoko ne rentre à Kinshasa, dans les années 80, que pour participer au classico Vita-Imana qui a vu la participation de plusieurs anciens joueurs comme Kibonge, Mayanga, Kidumu. Ce match de gala, qui a attiré une grande foule au stade du 20 mai, fut organisé par Manda Mobutu (fils du chef de l’État).
D’amateur au professionnel…
Installé en Allemagne, Kakoko a continué à pratiquer le football, son sport favori. Il a joué chez les amateurs de VfB Stuttgart. En 1980, il est sacré champion avec cette équipe. La même année, il passe chez les pros mais ne dispute qu’un seul match de Bundesliga. Mais c’est dans le FC Sarrebruck (FC Saarbrücken en allemand) qu’il retrouve le terrain et la joie de jouer en 1983.
C’est une équipe de la 2e Bundesliga, le championnat allemand de football de deuxième division. Il joue 27 matches et marque 9 buts pour la seule saison 1983-1984. L’équipe sarroise termine le championnat en dixième position. C’est au terme de la saison suivante alors qu’il joue dans Borussia Neunkirchen que dieu de ballon met un terme à sa carrière.
Ses clubs…
1968 : Racing de Kinshasa
1968 -1976 : Imana
1977-1982 : VfB Stuttgart
1982-1984 : FC Sarrebruck
1984-1985 : VfB Borussia Neunkirchen
Bona MASANU