Molangi ya pembe, Andele Maboke, Mama Ewaso Catalina, Mama Mandola : les pionniers du sketch radiophonique d’après l’indépendance
Bon nombre se souviennent de ces comédiens talentueux qui ont fait le bonheur des populations kinoises des années 60 et 70 à travers les sketchs radiophoniques qui traitaient de faits de société dans une optique pas seulement de divertissement mais aussi éducative. Les quatre comédiens formaient deux couples qui ne laissaient aucun auditeur indifférent.
Le sketch ou le théâtre populaire à la radio n’a pas commencé avec l’équipe Maboke. Ses origines remontent à 1939 à la Radio Congolia, avant même la création des radios officielles en 1940 durant la 2ème guerre mondiale, et après la première radio « Radio Léo », fondée en 1937 par les Pères Jésuites au Collège Albert.
Cette radio technique appelée Radio Congolia diffusait de la publicité et des émissions distractives. A travers ses émissions distractives cette station peut être considérée comme étant la mère des divertissements radiophoniques en RDC.
Parmi ces divertissements radiophoniques, les sketches en langues nationales occupèrent une place de choix. Et le groupe le plus emblématique est le groupe Maboke de la radio nationale composé de : Benjamin Yeya dit Andele Maboke, animateur radio qui a prêté son nom à ce groupe de théâtre populaire ; Samuel Makoma alias Molangi ya Pembe, Pasteur ya L’Etat, Fondateur du groupe, artiste comédien, journaliste –animateur ; Ewaso Catherine, ancienne journaliste, animatrice et productrice des émissions télévisées. Elle a travaillé pendant 50 ans au sein de la radiotélévision nationale congolaise (RTNC).L’appellation Mama Ewaso est un surnom baptisé par l’un de ses collègues de travail signifiant belle femme, bien éduquée et instruite mais surtout femme possédant une belle voix. Enfin de Ntumba Mbala Eugénie ancienne agent à la RTNC connue sous le sobriquet de maman Mandola lobanzo te.
Bibi Ekwayolo Ewaso Katalina encadrait le groupe Nzoi, Benjamin Yeya Andele Maboke animait les émissions en Lingala. C’est d’ailleurs sur le chemin de retour qu’il est mort d’un accident de circulation sur la route de Matadi où il est allé effectuer des reportages pour le compte de ses émissions.
Les sketches en RDC se sont révélés de véritables moyens d’expression, d’éducation et souvent de critique de la société.
Le théâtre radiophonique ou sketches faisaient partie des émissions éducatives. Loin d’y voir seulement du divertissement, ils étaient considérés comme un moyen efficace pour l’éducation de la masse populaire. Ils utilisaient des thèmes puisés dans la vie de chaque jour. Ces émissions retenaient des familles entières à les suivre et lors de leurs diffusions, les rues étaient désertes et après les commentaires allaient dans tous les sens.
Dans une de pièces célèbres, un monsieur, portant toujours un chapeau, était cocufié par son chef de service. Il lui a intimé l’ordre dès son arrivée de déposer son chapeau dans un coin. Sa femme profitait de son chapeau pour glisser un mot à son amant. Jusqu’à ce que le pot aux roses a été découvert. Imaginez la réaction du mari cocufié. D’autres thèmes comme celui de femme qui sacrifiait l’argent de ménage pour s’acheter des pagnes ; les maris qui cachaient de l’argent dans leurs chaussettes, etc.
Les sketches n’avaient pas seulement une vocation ludique mais d’éducation des masses mais actuellement il a perdu sa fonction pédagogique pour se livrer à une litanie des dédicaces dans le seul but de gagner de l’argent.
Herman Bangi Bayo