L’histoire est têtue. Il est difficile de l’effacer. Celle de la RDC, même quand certaines personnes s’adonnent à un jeu politique de sa falsification, retient le nom d’un homme : Joseph-Désiré Mobutu. Il a écrit plusieurs pages de cette histoire pendant pendant plus d’un demi-siècle. Cette personnalité s’impose comme un monument indestructible. Même les jeunes générations, sans l’avoir connu, admirent son leadership à la tête du pays, qui de plus en plus, en manque.
Le deuxième président de la République a tout donné à son pays. « Il a tant aimé ce pays », indique un internaute. Et cet amour l’a poussé à poser des actes qui, jusqu’aujourd’hui trônent dans la mémoire collective. Ce qui fait qu’au-delà de son côté dictateur, avec tous les abus du pouvoir décriés, Mobutu continue à faire bonne presse dans l’opinion publique surtout pour ses qualités de chef.
Le professeur Kambayi Bwatshia a, dans une interview accordée à Jeune Afrique, reconnu, comme bon nombre de Congolais, ces qualités : « Il était certes un dictateur, il a volé, mais il a tenté de réglementer la vie des Congolais. À l’époque, nous savions par exemple comment payer nos impôts. Mobutu a également façonné l’identité du pays. Il a rendu la citoyenneté aux Congolais et promu la laïcité ».
De ce point de vue, plusieurs sont les Congolais qui regrettent la disparition de ce président. Cette nostalgie tient au fait qu’ils ont été, pendant son règne, fiers d’être Congolais (Zaïrois) face à n’importe quel peuple du monde. « Fondamentalement, la façon d’être zaïrois était typique. Avec Mobutu, nous avions acquis une « personnalité » et on pouvait défendre cette identité. Il y a eu certes des bévues dues à la dictature, mais le Zaïrois commençait à prendre conscience qu’il était digne », a rappelé le professeur Kambayi.
C’est tout dire et c’est un point de vue largement partagé. Il est donc l’incarnation de la fierté zaïroise. En plus, il fut un pacificateur. A l’intérieur du pays, tout comme à l’extérieur, il a œuvré pour la paix. L’Angola, l’Afrique du Sud, le Mozambique, le Zimbabwe, la Namibie pouvaient s’appuyer sur lui pour leur paix intérieure. En médiateur, il a joué un grand rôle dans la réconciliation du Rwanda d’avec le Burundi, de l’Egypte d’avec l’Israël, les hutus burundais avec les tutsis. Même la République du Congo a bénéficié de ses bons offices. Fort de cet engagement pacificateur, il a été considéré comme le gendarme de la sous-région d’Afrique centrale. Ce qui manque à la RDC depuis son départ du pouvoir.
Une autre qualité que les Congolais ne manquent pas de mentionner c’est son côté unificateur. Mobutu a longtemps milité pour l’intégrité territoriale de son pays et surtout pour l’unité de son peuple. Ce fut un ennemi acharné du tribalisme. « Le Zaïre est un et indivisible. Ça restera ainsi même s’il faut signer le pacte avec le diable », tonnait-il.
Mobutu, c’est aussi un bâtisseur. L’homme s’est permis plusieurs initiatives dans ce sens. Les édifices publics ont été construits à la hauteur de ce qu’il voulait de son pays. Certaines confidences révèlent que c’est en visitant d’autres pays, comme la Chine, qu’il décidera de la construction de certaines infrastructures. Elles sont imposantes à la vue et dans la mémoire jusqu’aujourd’hui. C’est le cas du Palais du peuple, du stade des Martyrs, de la Tour de la RTNC, de l’Echangeur de Limete, de l’immeuble de Sozacom, des installations de la Foire internationale de Kinshasa (Fikin), du Palais de marbre, de la Cité de l’unité africaine…
Mobutu a quitté la terre des hommes, loin de son pays, mais il est permanent dans la mémoire congolaise. Ses oeuvres tant sociopolitiques qu’infrastructurelles demeurent des symboles du grand homme politique qu’il fut.
RK