Choriste et chantre depuis l’âge de neuf ans, coqueluche des églises depuis plusieurs années, où il eût souvent à tenir en haleine de nombreux fidèles par la beauté de sa voix, Joseph Athanase Kabasele Tshamala est né le 16 décembre 1930 à Matadi.
Grand Kallé et L’indépendance …
1960, l’année de l’indépendance du Congo-Leopoldville, l’African Jazz est le premier orchestre congolais à se rendre en Europe. Il est retenu pour agrémenter les assises des leaders politiques congolais et autorités belges destinés à définir les conditions et la date de l’indépendance. Il est renforcé par Vicky Longomba, au chant et Antoine Armando Mwango, dit Brazzos, bassiste de circonstance, tous les deux venus de l’O.K Jazz.
Avec les autres musiciens de l’African Jazz, Roger Izeidi, Petit Pierre Yantula, Mwamba Déchaud et Nico Kasanda, ils se rendent à Bruxelles à l’invitation des frères Kanza (Philippe et Thomas). Au premier trimestre de l’année 1962, l’African Jazz se rend en Belgique. Une fois de plus, Kabasele fait appel à Emmanuel Mano Dibango. À Bruxelles, l’African Jazz enregistre pour le compte de Sofra son, une maison d’édition qui a pignon sur rue dans la capitale belge. « Africa Mokili Mobimba » de Mwamba Déchaud, « Jamais kolonga » de Tino Baroza, « Le bateau de Tahiti », « Twist à Kinshasa », « Bonbon sucré » de Rochereau qui est du voyage, sont parmi les titres enregistrés au cours de ce voyage.
Quelques années plus tard, en 1970, Kabasele, l’une de plus fortes personnalités musicales africaines, ne baissera pas pour autant les bras. Il se rend à Paris pour réaliser une chanson publicitaire sur la compagnie chemin de fer de l’Est du pays, La KDL (Kindu-Dilolo-Lubumbashi). Il se trouvera entre des hommes avec qui il communie totalement et merveilleusement, dans la mesure où leurs efforts créateurs aboutiront d’abord à établir avec le vieux et grand guitariste Tino Baroza, de fructueux contacts qui leur permettront de sortir des œuvres impressionnantes.
Ils décident de remonter avec Manu Dibango, organiste et saxophoniste camerounais, un groupe afro-cubain, l’African Team. De cette expérience jallissent dans la foulée plusieurs tubes de consommation courante comme : « Gauche/Droit débordement », « African Ambiance », « Cambridge », « Mayi ya piyo », « Laurent fantôme », « Safari muzuri », « African boogoloo », « Discipline ya KDL », « Valentina-Valentina Minago, « Boogoloo la Fontaine », « Congo soyo », « Suzin Edo », « Ma préférée Irène », « Ko Ko Ko… Qui est là ? », « Tozongela bilanga », « Barubatsie », « Mino ya Boogoloo », « Essous », « Kara-Kara », « Mokili ngonga », « Bébé Marda », « Nzela ya mosika », « Bamonaki yo », « Lolo wa ngai », « Mama na mufunga », « Asali engombe », « Olingi Bolamu te », « Timide serenade », « Rideau ya ndako », etc., ainsi que plusieurs rééditions des succès inoubliables des années 53 et 54 comme « Africa Mokili Mobimba », « Lolita », « Matanga ya Modibo », » Mama Seba », « KJ », « Lili moke »,etc.
Ces chansons mettaient les gens en présence de musiciens brillamment doués et s’exprimant au rythme d’une forte identité. Edo Clary Lutula, Don Gonzalo, un musicien cubain, Manu Dibango, Essous Jean Serge, Kwamy Jean Munsi, Joseph Mulamba Mujos, etc., ont mis à contribution leur savoir-faire dans l’enregistrement de ces œuvres de l’African Team qui ont suffisamment récolté du succès. Le peu d’albums produits par les éditions Africaines et Souk, constituent pour les collectionneurs, des pièces historiques.
Malheureusement, l’African Team, le bateau qui avait pris le large pour voyager allègrement vers les horizons lointains, est allé très vite à la dérive sur une mer étale.
La maladie et la mort de Grand Kallé …
Pendant plus de deux ans, Kabasele Grand Kallé a souffert, seuls le Maréchal Mobutu Sese Seko et l’oncle maternel de Grand Kallé, le Cardinal Joseph-Albert Malula lui ont apporté secours. Par deux fois, en 1980 et en 1981, le président Mobutu l’avait envoyé en Belgique pour des soins appropriés. Mais il est mort négligé par les siens. Grand Kallé est mort dans l’isolement total. Son passage dans African Team constitue les moments prodigieux de sa carrière qui prit fin avec sa mort le 12 février 1983 à Kinshasa, même s’il lui a été réservé, par son ami le ministre de l’information M. Jean-Jacques Kande Dzambulate, les musiciens de l’ex-Zaïre et du Congo-Brazzaville, des obsèques dignes d’éloges.
Correspondance particulière de Jeannot Ne Nzau