C’est avec grand douleur que j’ai appris le décès de celle qu’on appelait affectueusement la Reine du Mutsuashi et qui fut entre 1997 et 1999 ma patronne avant que je devienne son producteur tourneur.
Après l’installation de L.D. Kabila au pouvoir, Tshala avait obtenu un contrat pour se produire partout à l’arrière pays. Sur recommandation de Gaby Shabani, elle va me prendre pour organiser la tournée avec son groupe et Wenge maison mère de Werrason.
Nous avons organisé des productions à ciel dans des stades à Lubumbashi, Mbuji Mayi et Kananga à l’occasion des remerciements du Mzee Kabila aux populations pour l’avoir accompagné lors de la prise du pouvoir par Afdl.
A la fin de la tournée, je découvre une femme de grand cœur et respectueuse . Non seulement qu’elle m’avait payé correctement mais elle m’appellait papa Jean Pierre.
C’est avec elle que j’ai appris à manger à la main à table.
Après la tournée, elle est devenue militante féministe et engagée politique pour soutenir Kabila le père. Elle crée la Refeco (regroupement des femmes congolaises) . Elle m’engage en qualité de directeur de cabinet.
Je monte des dossiers qui marchent et elle fait parler d’elle. Elle preste sur scène tout en mobilisant les populations.
Nous organisons au Palais du peuple la toute première Matinée politique et ensuite le lancement de franc congolais au stade Martyrs.
Redevenu producteur, je vais organiser avec elle en 2003, sa tournée dans le grand Katanga et le grand Kasaï.
Je garde d’elle l’image d’une combattante et battante. Courageuse, elle ne reculait devant aucun obstacle.
Née à Lubumbashi, il y a 64 ans exactement le 13 mars 1958, Elisabeth Tshala Muana Muidikay est originaire du Kasaï, elle a valorisé sa langue avec le chant et la danse.
Sa disparition n’est seulement une perte pour la famille musicale congolaise mais aussi pour son compagnon Claude Mashala qu’elle aimait avec tant d’amour et qu’elle avait collé le petit nom de Mbingazor.
Adieu Mamou nationale, tes œuvres vont te rendre immortelle.
Jean Pierre Eale Ikabe