Il n’existe pas de véritable démocratie sans liberté de la presse qui en est la pierre angulaire. Un bémol cependant, c’est que la liberté d’expression exige de tous les professionnels des médias un sens aigu de responsabilité.
À la veille de la commémoration, le 3 mai prochain, de la journée internationale de la liberté de la presse, quoi de plus normal que de scruter le paysage médiatique congolais à l’aune des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
L’effervescence médiatique qui règne ces dernières années autour du réseau Internet a largement contribué à l’émergence de la presse en ligne. Celle-ci est venue bouger les lignes avec ses nouveaux concepts et pratiques souvent en déconnexion totale avec les prescrits journalistiques.
Dans cette plateforme virtuelle plus que jamais investie par des intrus de tout accabit, la plupart sans éthique ni déontologie, la pratique journalistique a, en effet, beaucoup perdu de son aura et de sa noblesse.
Des chroniqueurs-fanatiques
La constellation d’émissions musicales postées régulièrement sur Youtube avec, à la clé, des contenus inacceptables attentatoires à la morale, à la pudeur et aux valeurs positives, en ont fait malheureusement un espace de règlement de compte. Des prétendus chroniqueurs de musique l’ont hélas transformé en une sorte de no man’s land où tous les coups sont permis, même ceux du bas de la ceinture. Ce qui dénature foncièrement les visées de cette plateforme américaine de partage de vidéo dont la vocation est avant tout promotionelle.
Dans leur quête effréné d’argent, ces présumés créateurs de contenu, postent régulièrement des vidéos, la plupart sans saveur avec un contenu creux, juste pour assurer leur visibilité. Plutôt que de rapporter les faits sans commentaires orientés, sans état d’âme conformément à la loi et au respect du droit des tiers, ils font plus parler leur cœur que leur cerveau.
Ils ne font pas un travail professionnel de qualité fondé sur le respect des faits, la vérification des faits et la diffusion des informations relatives aux faits vérifiés. En lieu et place, ils relayent des fake news, émettent des commentaires désobligeants, propagent des invectives et, au finish, se font donneurs des leçons. Cerise sur le gâteau ; ils ne se gênent plus d’afficher leur proximité avec tel ou tel autre artiste-musicien.
L’art d’Orphée n’est plus commenté. Il n’est plus disséqué dans son essence première parceque sacrifié sur l’autel des intérêts pécuniaires exacerbé par la poursuite inlassable des vues.
Des contenus haineux truffés de désinformation, de vulgarité et de grossièreté meublent de plus en plus les chaînes YouTube au grand désenchantement des abonnés obligés de faire avec, bien malgré eux. Leur partage via les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Wattshap etc) officialise tacitement l’indécence et la vulgarité dans une société déjà moralement en souffrance.
Mettre de gardes-fous
Sur Youtube, la vie privée est désacralisée, l’intimité familiale foulée au pied, parfois avec une extrême brutalité. De la fronde de Didi Stone ayant sonné le toscin de la révolte contre son géniteur aux déboires familiaux de Fally Ipupa en passant par la controverse autour du décès de Guy Gola etc, les sujets ne manquent pas pour alimenter le buzz et fissurer la cohésion au sein de la corporation artistique.
La rengaine, on la connait : YouTube eza église te !. (Entendez : YouTube n’est pas une église).
Qu’à cela ne tienne. S’il est vrai qu’il est difficile de réguler les réseaux sociaux en général, l’on peut néanmoins mettre des gardes-fous pour tenter de gérer le flux des contenus malsains livrés à la consommation publique. Une gageure !
Telle est, d’ailleurs, la motivation ayant sous-tendu la promulgation, le 13 mars dernier, du Code numérique. Ce texte qui s’applique aux acteurs du secteur, dont des médias en ligne, prévoit des peines d’emprisonnement et de fortes amendes pour des infractions liées aux réseaux sociaux.
Ce code régule, en effet, le secteur du Net et détermine les droits et obligations des fournisseurs des activités et services numériques. Il protège également la vie privée ainsi que les données à caractère personnel.
Il était plus que temps d’assainir les médias en ligne en imposant des restrictions susceptibles d’application pour l’intérêt général. Toutefois, des doutes persistent quant à l’efficacité d’une telle démarche. Peut-on vraiment exercer une surveillance et un contrôle sur les remous de la mer, ou mieux, sur le chaudron numérique avec ses flux de données à la seconde ?
Pour contrer les excès, ne vaut-il pas mieux finalement de s’en remettre à l’autocensure des Youtubeurs et à la modération des internautes eux-mêmes? That’s the question.
ANDEMA