Il est un fait établi que le secteur bancaire congolais est fortement dépendant des intérêts étrangers. Près de deux tiers des banques œuvrant sur le territoire congolais sont détenues par des personnes morales étrangères.
Une situation qui n’est pas innocente puisqu’elle s’intègre dans un contexte de récession qui guette les économies développées, mais aussi, de crise d’endettement qui gangrène l’Europe.
Dès lors, les banques internationales considèrent le marché africain comme un terrain propice à leur régénérescence. Les établissements bancaires européens, américains, chinois, qataris etc, affluent désormais en Afrique où ils multiplient des initiatives pour se renforcer.
Devenue une destination privilégiée des investissements étrangers, ou mieux, une terre d’opportunités pour la finance mondiale, la RDC n’échappe pas à cette ruée des capitalistes impénitents. Aujourd’hui, l’on dénombre onze banques étrangères actives sur le terrain contre seulement quatre d’essence locale, à en croire les dernières statistiques de la Banque Centrale du Congo (BCC).
Avec une telle configuration, l’on comprend pourquoi l’essentiel des transactions monétaires effectuées sur le sol congolais passe par lesdites banques qui brassent au quotidien des milliers de dollars américains. Rien que la diaspora congolaise opère des transferts se chiffrant par année à près de 9 milliards de dollars américains. Ces sommes faramineuses transitent régulièrement par ces banques étrangères et par leurs filières.
Cette emprise des banques étrangères sur le système bancaire congolais doit cesser. Car, elles n’apportent rien en termes d’investissements ni de financement, si ce n’est escroquer les congolais via des opérations bancaires hyper coûteuses. En effet, les charges, frais et autres commissions qu’elles prennent sur les comptes de leurs clients sont exorbitants. Un fait qui n’existe nulle part ailleurs qu’en RDC. Tout est élevé dans ces banques étrangères, à commencer par les frais de tenue de compte qui, sous d’autres cieux, ne valent presque rien.
Comme alternative, bien des esprits suggèrent, entre autres, la relance par l’OCPT du mandat postal qui est un moyen de transfert de fonds par le biais des services postaux, ou mieux, un type de mode de paiement physique par courrier. La CNSS ainsi que la Sonas, quant à elles, sont susceptibles de mettre en place des caisses sur base des cotisations sociales et assurer des transactions à l’instar d’une banque ou d’un établissement de crédit. Mieux lotis financièrement, ces trois entreprises publiques ont, par ailleurs, l’avantage d’avoir des filiales partout sur l’ensemble du territoire national.
Parallèlement à la gestion des retraites, ces trois entreprises précitées pourront, si elles sont bien encadrées, contribuer à l’essor des banques nationales en assurant un meilleur contrôle des masses monétaires aujourd’hui livrées à la merci des groupes étrangers n’oeuvrant que pour leurs propres intérêts.
Jean Pierre Eale Ikabe