Dans notre livraison du 7 août dernier, nous avons répercuté l’annonce de l’ambassadrice belge à Kinshasa relative à l’arrivée en octobre prochain en RD Congo d’une mission économique du Royaume. Annonce dont la primeur avait réservée au ministre du Commerce extérieur Julien Paluku qui l’avait reçue en audience lundi.
L’opinion congolaise qui suit de près les prises de position belge sur les événements en cours se demande sur quoi va déboucher cette énième mission économique et commerciale belge au regard de la quasi-inutilité des précédentes.
Si la Belgique reste, parmi les partenaires européens de laRDC, un de ses plus importants, on peut se poser beaucoup de questions sur ce qui reste encore des activités économiques et commerciales visibles sur le territoire national. Malgré les restrictions pour l’obtention des visa, on voit des Congolais se rendre en Belgique pas seulement pour y séjourner en vacances mais effectuer des transactions, des dépôts, se faire soigner comme vient de le faire le président Félix Tshisekedi. Où sont les symboles des investissements belges dans l’ex-Zaïre ? Y a-t-il encore des sociétés belges de droit congolais ? Même à Kinshasa, que reste-t-il du belge. La Belgolaise a disparu depuis longtemps. Très longtemps. Tout comme la défunte et célèbre entreprise immobilière Immoaf. Memling, le dernier des Mohicans, n’a de belge que le souvenir : il serait déjà vendu à des Libanais, selon des sources. SN Bruxels qui n’a de belge que le nom de la capitale ne se couche jamais à Kinshasa: toujours en transit. Excusez du peu. Pourtant, de nombreux Congolais, nostalgiques, gardent encore de bons souvenirs des entreprises et des investissements belges. La nouvelle génération des investisseurs belges hésitent à «mouiller les maillots» là où les autres partenaires – turcs, chinois, indiens, libanais… – foncent, prenant une grande longueur d’avance.
De quoi ont accouché concrètement les précédentes éditions des missions économiques et commerciales en RDC ? Des tonnes de bonnes intentions dont la concrétisation est évitée sous des prétextes qui s’apparentent aux faux-fuyants.
Toujours des discours pompeux à l’ouverture et à la clôture des travaux. On s’attarde sur les opportunités à explorer. On évoque l’amélioration du climat des affaires. On se réjouit des interactions lors des échanges entre partenaires…
Actuellement en vacances quelques parts sur des plages européennes, les investisseurs et bonzes des sociétés belges qui se rendront à Kinshasa en octobre prochain ont, semble-t-il, déjà apprêté des kilomètres de littératures à faire miroiter aux partenaires congolais tout aussi disposés à avaler des couleuvres pondus à Bruxelles.
En mars 2022, une mission économique d’hommes d’affaires belges était à Kinshasa dans le cadre de la semaine économique et commerciale belge en RDC, organisée par l’Ambassade de Belgique et la conseillère économique et commerciale des régions bruxelloise, flamande et Wallonne. Des échanges ont eu lieu. Deux ans après, où en est-on avec les retombées visibles et physiques de cette rencontre sur le sol de la RDC ?
Au mois de mai 2024, une vingtaine des sociétés belges désireuses d’explorer les possibilités de partenariat et d’investissement dans les deux provinces du Haut-Katanga et de Lualaba auxquelles la partie congolaise a recommandé de surmonter les craintes et les doutes, souvent axés sur les risques d’instabilité politique, continuent à se montrer frileuses pour mettre la main aux portefeuilles, pendant que les Chinois, Indiens et autres Libanais se montrent plus réalistes et font des plantureux bénéfices. Jusqu’ici, les appels des autorités congolaises aux hommes d’affaires belges de venir s’installer au Congo pour appuyer le développement sont restés lettres mortes. On espère que les vacances d’été leur auront permis de se délester de leurs craintes et doutes. L’autre année, c’était plus de 77 entreprises belges s’étaient inscrites à la mission belge. Et en octobre prochain ?
Jean-Pierre Eale Ikabe