La Crédibilité des Médias à l’Épreuve des Réseaux Sociaux : Un Retour Inévitable vers les Médias Traditionnels
Dans un contexte où les informations circulent à une vitesse effrénée, la frontière entre actualités fiables et fake news devient de plus en plus floue. Les réseaux sociaux, autrefois salués pour leur capacité à démocratiser l’accès à l’information, sont désormais critiqués pour leur rôle dans la prolifération des fausses nouvelles. En République Démocratique du Congo (RDC), la question de la « salubrité médiatique » s’impose de plus en plus, avec une prise de conscience collective sur la nécessité de garantir la crédibilité des informations diffusées.
Les réseaux sociaux, entre opportunités et dérives
Les réseaux sociaux ont profondément transformé notre manière de consommer l’information. En quelques clics, des millions d’utilisateurs peuvent accéder à des nouvelles locales et internationales, souvent en temps réel. Cependant, cette accessibilité a un prix : l’absence de contrôle et de vérification rigoureuse des faits. La popularité de ces plateformes a conduit à une explosion de contenus, souvent produits par des non-professionnels, ce qui multiplie les risques de désinformation.
En RDC, cette tendance a pris une ampleur inquiétante, comme l’a récemment souligné Christian Bosembe, Président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC). Selon lui, « la popularisation des réseaux sociaux participe de manière inquiétante à la dépravation des mœurs et à l’acculturation des Congolais ». Cette observation fait écho aux préoccupations croissantes concernant l’influence négative de certaines informations non vérifiées sur l’opinion publique.
La saturation et la recherche de crédibilité
La surcharge d’informations, tant vraies que fausses, sur les réseaux sociaux semble avoir atteint un point de saturation. Les internautes, saturés de messages contradictoires et parfois trompeurs, expriment de plus en plus leur méfiance à l’égard des contenus partagés sur ces plateformes. Dans ce contexte, un retour vers les médias traditionnels apparaît comme une nécessité pour rétablir la confiance dans l’information.
Ces médias, portés par des journalistes formés et respectant une déontologie stricte, ont un rôle crucial à jouer. Contrairement aux réseaux sociaux, les médias traditionnels reposent sur des processus de vérification, des enquêtes approfondies et une obligation de responsabilité. Le respect de ces normes permet d’offrir une information fiable et de qualité, ce qui devient un critère déterminant pour une audience de plus en plus soucieuse de la crédibilité des sources.
Le public, mais aussi les annonceurs, ont commencé à réaliser l’importance de cette fiabilité. Les entreprises, soucieuses de protéger leur image et de ne pas être associées à des plateformes douteuses, réorientent leurs investissements vers des médias dignes de confiance. Cela marque un tournant significatif dans la façon dont la consommation de l’information évolue.
L’importance de la régulation : le rôle du CSAC en RDC
Face à ce constat, le rôle des instances de régulation, comme le CSAC en RDC, devient central. Le président Félix Tshisekedi, lors d’une rencontre avec Christian Bosembe, a réitéré l’importance de la « salubrité médiatique », insistant sur la nécessité de préserver un espace médiatique sain et respectueux des standards journalistiques. Cette régulation n’a pas pour but de restreindre la liberté d’expression, mais plutôt de garantir une information correcte et fiable.
Le CSAC a pour mission d’encadrer le secteur médiatique congolais en veillant à ce que les contenus diffusés, que ce soit par les médias traditionnels ou en ligne, respectent une certaine éthique et une vérification rigoureuse des faits. La lutte contre les fake news nécessite une action conjointe entre les autorités, les médias et les plateformes numériques pour garantir que les informations diffusées soient vérifiées et conformes à la réalité.
Une auto-régulation en marche
Les signes d’une auto-régulation sont de plus en plus visibles, tant du côté des utilisateurs que des créateurs de contenus. Les lecteurs et spectateurs, face à l’afflux massif d’informations douteuses, adoptent progressivement une posture plus critique. Ils cherchent à s’informer auprès de sources fiables, comparant les informations avant de les partager ou d’y croire aveuglément.
De leur côté, les médias eux-mêmes comprennent que la crédibilité est devenue un facteur clé de différenciation. Pour regagner la confiance du public, ils adoptent des politiques éditoriales plus strictes, renforcent leurs équipes de fact-checking et s’efforcent de se démarquer des flux d’informations non vérifiées qui pullulent en ligne.
Vers un avenir médiatique plus sain
La crise de la désinformation que traversent les sociétés à l’ère des réseaux sociaux impose de réévaluer le rôle des médias dans la transmission des faits. En RDC, cette réflexion est déjà amorcée avec les initiatives du gouvernement et des instances de régulation pour promouvoir une « salubrité médiatique ». Le retour vers des médias plus crédibles n’est pas un rejet des nouvelles technologies, mais plutôt une nécessité pour assurer une information de qualité.
Pour garantir l’avenir de la démocratie et du débat public, il est indispensable de redonner aux citoyens un accès à une information rigoureuse et fiable. Les réseaux sociaux ont leur place dans l’écosystème médiatique, mais ils ne peuvent remplacer le travail minutieux des journalistes et des organes de presse traditionnels, qui restent le pilier de la crédibilité dans la diffusion de l’information.
Le défi sera donc de trouver un équilibre entre la liberté d’expression offerte par les plateformes numériques et la responsabilité d’offrir une information vérifiée, afin que la société puisse continuer à évoluer sur la base de faits et non de rumeurs.