La nuit du 01 au 02 Septembre 2024 est marquée par un évènement à la fois grandiose et mémorable pour l’histoire politique et judiciaire de la RD Congo, notamment à cause d’une sorte de carnage humain dans la prison centrale de Makala, ce que la voix officielle de la République considère comme une tentative d’évasion au CPRK, entre-temps on compte les morts et les blessés en effectifs inquiétants.
Dans son intervention, le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani a annoncé le bilan provisoire de 129 morts dont 24 par balles lors de la tentative d’évasion à la prison centrale de Makala à Kinshasa. Ce massacre intervient quelques mois après la dénonciation des conditions carcérales faite par le journaliste Stanilas Bajekira à sa sortie de la prison.
Les riverains de la prison de Makala ont vécu une nuit cauchemardesque suite aux tirs d’armes lourdes et légères qui ont retenti pendant plusieurs heures dans la nuit de dimanche à lundi dans l’enceinte de la prison centrale de Makala suite à une tentative d’évasion des prisonniers.
Durant cette tentative, les détenus ont mis le feu au bâtiment administratif, où se trouvait le greffier, et ont brûlé le dépôt de nourriture ainsi que l’infirmerie.
Les tirs en provenance de l’intérieur de la prison ont commencé vers minuit, selon des résidents. Lundi matin, la route menant à la prison a été bouclée par les forces de sécurité.
Pour contenir les assaillants, les forces de sécurité ont fait usage des armes lourdes et légères causant la mort de plus d’une centaine des détenus et plusieurs blessés.
Selon les riverains de la prison, l’intervention des forces de l’ordre est arrivée en retard alors que bon nombre de prison se retrouvaient dans la nature.
Réagissant sur son compte X, le ministre de la communication et des médias, Patrick Muyaya, a déclaré que « les services de sécurité sont sur place pour rétablir l’ordre et la sécurité, invitant la population de Kinshasa à ne pas paniquer », tout en assurant que « la situation est sous contrôle ».
Quant au ministre de la Justice Constant Mutamba, toujours sur les réseaux sociaux X, a annoncé les enquêtes en cours pour identifier et sanctionner sévèrement les commanditaires de ces actes des sabotages. Il a annoncé dans la même occasion la suspension jusqu’à nouvel ordre des transferts de détenus vers le centre pénitentiaire.
Sur la même lancée, le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur a annoncé la mise sur pied d’une commission mixte le lundi par les autorités congolaises, pour en savoir plus sur la tentative d’évasion.
Surpeuplement carcéral
Avec une capacité de 1 500 personnes, la prison centrale de Makala accueille plus de 12 000 détenus, dont la plupart sont en attente de jugement, selon l’ONG Amnesty International dans son dernier rapport sur le pays.
L’organisation a déjà enregistré d’autres cas d’évasions, notamment en 2017, lorsqu’une attaque menée par une secte religieuse a permis de libérer des dizaines de détenus.
D’autre part, les conditions carcérales précaires sont à la base de plusieurs centaines de morts de détenus et de diverses maladies. Cette énième tentative d’évasion a été provoquée par la surpopulation qui constitue un facteur de l’insécurité permanent.
Pour y remédier, les autorités congolaises ont entamé un programme de réduction de la population carcérale avec la libération des dizaines de centaines de détenus.
Cette tentative d’évasion, qui a abouti à un carnage, doit servir de déclencheur pour faire accélérer les réformes dans le secteur carcéral en améliorant les conditions d’accueil et de vie des détenus.
Herman Bangi Bayo