Le 30 octobre 2024 fait 50 ans depuis la tenue du combat du siècle de boxe des poids lourds tenu à Kinshasa au stade Tata Raphaël. Cet événement unique en Afrique a été suivi par plus d’un milliard de personnes à travers le monde. Pour ce faire, le président Mobutu n’avait pas lésine sur les moyens en mettant en jeu une cagnotte de 10 millions de dollars de l’époque qui représentent aujourd’hui près de 100 millions de dollars américains.
Grandeur ou folie de grandeur ? Il fallait être Mobutu pour relever ce grand pari qui paraissait utopique pour certains.
Ce combat se déroulait au moment où le monde traversait une grande crise économique et politique.
Le président Mobutu était sur le ban des puissances impérialistes occidentales pour avoir zairianisé les sociétés occidentales ainsi que les noms de personnes, avenues et places publiques. Il avait poussé le bouchon plus loin en narguant les puissances occidentales lors de son discours historique aux Nations-Unies en 1973 avec le pont d’orgue la rupture de relations diplomatiques avec Israël. Les occidentaux ne lui ont pas pardonné ces actes de bravade et ils cherchaient comment le lui faire payer.
D’autre part, Cassius Clay militait pour la défense des droits de l’homme plus particulièrement des noirs américains et il a fini par abandonner son nom d’esclave pour adopter un nom musulman Mohamed Ali. Pire, il a refusé d’aller combattre au Vietnam.
En se conduisant en objecteur de consciences, les instances de la boxe lui ont retiré son titre de champion du monde et lui ont collé une suspension de 5 ans.
Cherchant plus de visibilité, le président Mobutu par l’entremise de son conseiller Mandungu Bula Niati dit Carbure est arrivé à arracher l’organisation de ce combat aux mains du manager et organisateur de combats de boxe Don King.
Mobutu était visionnaire et faisait des choses en grand à la dimension de ce grand pays au milieu de l’Afrique et aux dimensions continentales.
Dès sa prise du pouvoir, Mobutu s’est distingué par les grandes réalisations dans plusieurs secteurs économique, culturel, sportif, scientifique, infrastructurel, etc. Le Zaïre a été le premier pays africain à acquérir des avions DC 10 avant même beaucoup de pays européens, pareil avec les mirages 2000. Il a doté le pays du plus grand stade africain lors de son inauguration, le stade des Martyrs qu’il avait dénommé Kamanyola, l’échangeur de Limete, les buildings Sozacom et Cciz, etc. Du côté du sport, il faisait venir l’équipe de Santos du Pelé pour des matchs de gala à Kinshasa. Quant aux artistes musiciens, les Kinois ont vu défiler les James Brown, Johnny Hallyday, Louis Armstrong, etc.
Toujours dans sa quête de visibilité internationale, Mobutu avait invité les astronautes américains d’appolo 11 au Zaïre.
C’est toujours dans la quête de la grandeur et de la notoriété que le président Mobutu avait associé à cet événement l’organisation d’un festival international de la musique à Kinshasa durant 3 jours. On a vu défiler le roi du soul James Brown, le roi du RnB BB King, la reine et le roi de la salsa Célia Cruz et Johnny Pacheco ainsi que de grands musiciens africains tels Manu Dibango, Myriam Makeba, Hugues Masekela ainsi que la crème des musiciens zaïrois de l’époque comme Franco, Rochereau, Abeti, et les orchestres tels Sosoliso, Zaiko langa langa, Sukas, etc.
Mobutu avait gagné son pari car l’événement était un succès éclatant et une réussite totale. Le Zaïre, de surcroît, était connu à travers le monde suite à ce coup médiatique dû à l’organisation de cet événement planétaire.
Le cinquantenaire de cet événement devait être un motif pour remettre la RDC sur l’orbite de l’actualité internationale et du concert de Nations tel ne fut pas le cas. Un tel événement devrait être préparé même deux ans en avance en associant les divers acteurs tant privés que publiques.
Ce cinquantenaire devrait être aussi un évènement majeur du 21ème siècle comme le combat de 1974 le fut.
Pour le célébrer, on devrait inviter les vieilles gloires de la boxe mondiale pour des combats d’exhibition ainsi que certains musiciens américains qui sont encore vivants pour agrémenter cette célébration. Tel ne fut pas le cas.
La maigre consolation fut l’organisation du championnat d’Afrique de boxe où la RDC a tiré son épingle du jeu en se plaçant deuxième au classement. Ajouter à cela des combats de boxe et une exposition, organisés à Lubumbashi.
Ce manque d’initiatives s’observe dans quasi tous les domaines et surtout sportif et culturel car la RDC n’abrite aucun événement de portée internationale comme les Femua, Fespaco, Fespam, des biennales, Tours cyclistes, Tournois sportifs inscrits dans le calendrier international.
Le sport et la culture font partie de la diplomatie culturelle qui servent de notre vitrine à l’étranger. La récente prestation des léopards football en Côte d’Ivoire avec une place en demi-finales a donné plus de visibilité au football et aux joueurs congolais dont les cotes ont grimpé. Les prestations de musiciens congolais dans les grandes salles européennes donnent également de la visibilité au pays.
Nos dirigeants doivent revoir leur manière de considérer le sport et la culture car ce sont des secteurs qui génèrent des milliards de dollars sous d’autres cieux.
L’organisation des courses, des tournois ou championnats, des festivals sont le prolongement de notre politique extérieure et une source des revenus substantiels.
Il est grand temps d’y penser non seulement de faire de la figuration mais aussi de mettre des moyens pour qu’on se rivalise avec les autres nations du monde comme le font les autres pays africains.
Herman Bangi Bayo