Eh oui, cela fait trente-cinq ans que disparaissait le « sorcier » de la guitare, Franco de Mi amor, né Luambo Makiadi Lokanga Lua Djo Pene, d’un père tetela et d’une mère Kongo. Un Ntandu. Un tantinet « mukongo » de par son lieu de naissance : Sona-Bata (Bas-Congo) et son éducation.
Franco est né le 12 juillet 1938 et rendit l’âme le 12 octobre1989 à Namur (Belgique).
Ya’Fuala vécut à Ngiri-ngiri.
Moi, « N’Gembo » dans les années ’60, reporter sportif, chroniqueur de musique, j’ai connu Franco dans ses différentes casquettes. Il fut pour moi un modèle de ce que les Américains appellent « self made man » pétri de courage à la sauce congolaise. Sa disparition avait touché tout le monde, voire ses pires adversaires, qui ne s’étaient pas priés de s’incliner devant sa dépouille mortelle.
Aujourd’hui, 35 ans après, les mélomanes continuent à regretter la disparition de Franco.
J’ai côtoyé cet homme au quotidien. Il venait me chercher à Matete, chez mes parents, pour m’amener avec lui à Yolo-Sud, à la terrasse « Palmarès », chez son ami Masamba, caméraman de la RTNC. De là, nous nous rendions au stade Tata Raphaël suivre les rencontres de V.Club. Souvent après ces rencontres sportives, je faisais une petite virée au bar « Vis-à-vis » où jouait l’O.k. Jazz avant d’atterrir vers 5 heures du matin à la boîte de nuit Vatican avec lui ou seul …
Je le louais lorsque je ne le critiquai pas dans mes chroniques au quotidien du matin « Salongo ». Mes critiques ne le plaisaient pas. Nous nous affrontons souvent sur ce sujet. Après, nous rions comme des gamins. Franco n’était pas méchant. Quelquefois je le comparais à Louis de Funès, le comique français.
La prison ? Il en a connu. Franco – même né dans le Bas-Congo, fut un pur kinois. Il fréquente dans sa jeunesse au sein du groupe de bagarreurs « Far west » toute la racaille de Kinshasa …
Un voyou, un yankee, il finira par fréquenter l’élite de Léopoldville, dont les Bomboko, Nendaka, Bulundwe et autres Mobutu. Ceux-ci assistaient à ses concerts, l’adulaient !
A Bruxelles où j’avais trouvé refuge dans les années ’80, parfois, je passais mes nuits dans les appartements de Franco, où habitait aussi Décante, un ancien gardien de V.Club qui gérait quelques-uns de ses biens. Franco avait beaucoup perdu de sa verve et de Tchatche. Il est arrivé à la fin de son cycle.
Je retrouvais plus ce Franco taquin, amuseur et bon vivant à qui le le confiais, celui que j’écoutais avec une oreille attentive lors de ses confessions dans son « château » de la 13e Rue, à Kinshasa – Limete, chez « Un-Deux-Trois » ou dans ses villas de Binza-IPN. Dire des choses sur Franco ? C’est écrire quatre livres.
Bref, Franco était un bon musicien, compositeur, rassembleur, humoriste et blagueur. Ordonné et organisé. Mais hélas, l’on ami Yorgho est parti sans pouvoir jouir de l’argent qu’il « adorait ».
A chaque date anniversaire de ta mort, nous nous souviendrons toujours de ce que vous étiez.
Ton Bayete, comme tu aimais m’appeler !
Paul Bazakana Bayete