64 ans après son accession à la souveraineté tant nationale qu’internationale, la RD Congo enregistre encore un grand retard d’adaptation aux valeurs dues à un Etat digne de ce nom, la justice étant l’un des principaux éléments d’appréciation à cet effet. Les récentes publications sur les réseaux sociaux, qui frisent de l’irresponsabilité et le manque d’éducation de la part de leurs auteurs, renvoient une fois de plus la RD Congo au rendez-vous des critiques par tout observateur qui le veut, d’où le regard du reste du monde sur la question ne sera pas évitable. Comment la justice se comportera-t-elle face à cette réalité ? C’est la grande question.
Dans un monde où l’humanité et la dignité devraient être placées au centre des préoccupations étatiques, des propos incitant à la haine, à la violence, ou même à l’humiliation sexuelle ne peuvent et ne doivent pas être tolérés. Ces derniers jours, une vidéo sur TikTok, toujours en ligne à ce jour, a suscité une indignation légitime. L’auteure y tenait des propos d’une gravité extrême, évoquant sa participation ou son encouragement à des actes que l’on ne peut qualifier autrement que de crimes, assimilables, moralement et juridiquement, à une forme de viol collectif. Ces propos, s’ils étaient tenus dans un pays où les institutions veillent rigoureusement au respect de l’intégrité humaine, entraîneraient une condamnation à une peine lourde, allant jusqu’à plusieurs décennies de réclusion, et ce avec raison.
Dans le cas du Congo, un pays qui cherche à se redéfinir sur la scène internationale après des années de troubles politiques et sociaux, cette affaire représente bien plus qu’une simple question de justice pénale. Elle met en jeu la crédibilité même de l’État congolais, et de sa capacité à répondre avec rigueur et sérieux aux violations flagrantes des droits humains, surtout lorsque celles-ci sont publiquement assumées.
Dans ce contexte, il est pertinent de rappeler que ce même État a récemment condamné à mort plusieurs personnes pour leur implication, directe ou supposée, dans une tentative de coup d’État. Une condamnation sans doute justifiée aux yeux des autorités, mais dont les preuves semblaient, à certains égards, bien plus fragiles que dans le cas qui nous occupe aujourd’hui. Cette comparaison met en lumière une attente légitime : celle de voir une justice congolaise cohérente et ferme face à tous les crimes, qu’ils soient politiques ou de droit commun.
Ce qu’on attend donc de la justice congolaise aujourd’hui, c’est non seulement la condamnation ferme des actes revendiqués dans cette vidéo, mais aussi l’affirmation de principes universels d’humanité et de respect de la dignité. Cette attente dépasse les frontières du Congo. Il s’agit ici de l’image même du pays sur la scène internationale, de sa capacité à démontrer qu’il ne tolère ni la barbarie, ni l’encouragement à celle-ci, quel que soit le contexte.
Si l’État congolais échoue à sanctionner sévèrement ce type de comportement, il enverra un signal dévastateur, non seulement à ses citoyens, mais aussi au reste du monde : celui d’une justice à deux vitesses, sélective et partiale. C’est pourquoi il est impératif que la réaction de la justice congolaise soit à la hauteur de l’indignation suscitée par cette affaire. Une condamnation exemplaire est non seulement souhaitable, mais nécessaire pour restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions judiciaires et renforcer la crédibilité internationale du pays.
Au moment où le Congo aspire à tourner la page de décennies de troubles, cette affaire peut se révéler être un test décisif. La question n’est plus simplement de savoir si la justice congolaise condamnera ces propos, mais si elle saura affirmer son autorité avec impartialité et détermination. Car, au-delà des frontières nationales, il en va de l’image de tout un État, de sa dignité et de sa capacité à garantir les droits humains fondamentaux à l’ère des réseaux sociaux et de la mondialisation.
E-Journal Kinshasa