C’est en décembre 1985, peu avant la tournée de Viva La Musica de Papa Wemba en Europe que je fais sa connaissance.
Il m’avait été présenté par mon frère jumeau Henri Wanya avec lequel nous coordonnions la tournée. Arrivés de Bruxelles pour récupérer les artistes, après avoir tout conclu à Bruxelles et à Paris, nous avons quitté Kinshasa le 23 décembre 1985 par un vol d’Ethiopian loué par Air Zaïre. Accueillis à Zaventem par Papa Wemba, nous avons pris quartier à Saint Gilles sur l’avenue Victoire Métro Porte de Hall après une nuit à l’hôtel.
Aussitôt arrivés à Bruxelles à 19 heures, c’est avec Reddy que je suis sorti cette nuit-là pour lui faire visiter Place Louise et prolonger sur Toison d’or et terminer à la Porte de Namur baptisée Matonge.
Depuis, je l’avais pris en sympathie. Je l’ai trouvé déjà à l’époque très respectueux et intelligent. Le lendemain, 24 décembre 1985, je suis allé prendre des visas à la place Madou pour la France. Nous avions un contrat pour notre première production à Phil one à la Défense. Dans le train à destination de Paris, j’ai eu un long entretien avec lui. Chemin faisant, j’ai découvert sans surprise qu’il était le confident mieux pur petit ya vieux na ye comme on dit dans le jargon kinois.
Durant la tournée, je vais me rendre compte qu’il est un grand bosseur et qu’il a la tête sur les épaules. Il travaillait énormément en solo et souvent en duo avec Papa Wemba. A la question de savoir l’attachement qu’il lui portait, Papa Wemba me dira qu’il est non seulement musicien de Viva La Musica mais il est aussi mon jeune frère d’adoption. C’est ce jour-là que j’ai compris pourquoi tout le monde se méfiait de lui. Il était dans le groupe l’oreille et la bouche de Kuru.
Après quelques années, il s’est démarqué à travers ses chansons. Et pour confirmer mes dires, il a sorti de sa fabrique Bomengo ata kale. Chanson culte ! A l’époque devenue l’hymne national de Congolais de la diaspora.
En début des années 1990, Papa Wemba monta un groupe Molokai pour quitter le ghetto. Il fut de la partie. Après 20 ans de loyaux services et de fidélité à Papa Wemba, il décida de voler de ses propres ailes. Il monta son propre groupe qui marche du Tonnerre et qui vient de totaliser 20 ans et lui-même 40 ans de carrière.
Il a été célébré par ses mélomanes kinois. C’était des moments inoubliables de nostalgie à travers les âges. Il compte refaire le même exploit ce 2 novembre au Bataclan en faisant revivre, avec le concours de ses anciens collègues sociétaires de Viva La Musica, Papa Wemba et le répertoire de Viva la Musica en première partie du spectacle.
Je vous le recommande vivement. A ne pas manquer !
Depuis Paris, Jean Pierre Eale Ikabe