« Ave Caesar, morituri te salutant! ». C’est avec cette expression que les anciens gladiateurs saluaient l’empereur romain Auguste César avant d’engager des combats sanglants jusqu’à ce que la mort s’ensuive. Le calvaire enduré par les agents et cadres de Lignes aériennes congolaises, LAC, ressemble à s’y méprendre à ces confrontations dramatiques où la mort ne cesse de les décimer par centaines. L’opinion ne semble pas s’en rendre compte. Et pourtant, il y a un génocide social qui ne dit pas son nom qui ravage la communauté des pionniers de l’aviation civile en Afrique subsaharienne. Dans un silence » assourdissant » pour ne pas dire complice.
Cela fait plus d’une décennie que le personnel navigant et sédentaire du « Léopard volant » originel broie du noir. Ces braves professionnels de l’aviation qui ont offert leur vie en portant haut l’étendard de la RDC sur les cinq continents grâce à une exploitation aérienne de plus de cinq décennies sans connaître un accident ayant causé mort d’homme dans un vol commercial, ces gens auxquels les cracks du transport aerien décernent encore des éloges par brassées pour toutes ces prouesses, sont devenus aujourd’hui des laissés pour compte, des relégués dans la poubelle des oubliettes de l’histoire. Qui ne se souvient pas des vols en DC10-30, DC-8-63, B.737-200, FOKKER-27 d’Air Zaïre surtout de la part de la diaspora congolaise aujourd’hui aux affaires ?
La vague est venue de loin
Après la décision inique du capitaine du bateau des surdoués plaçant sous l’éteignoir cette prestigieuse société aérienne, sans la moindre prise en compte du paiement du décompte final des travailleurs, ces derniers sont depuis lors l’objet des traitements inhumains, cruels et dégradants. « L’homme gagnera son pain à la sueur de son front. Et tout travail mérite salaire », stipulent les Écritures saintes. 2014-2024, toute une décennie que les anciens sociétaires d’Air Congo, Air Zaïre, LAC attendent le recouvrement de leurs droits socio-économiques. A la place, ils ont droit à la portion congrue des décès en cascade, voire par inanition, la dislocation des ménages, la déperdition scolaire des enfants, la précarité, la chosification par la société devenus le lot de leur quotidien.
Toutes les autorités du pays sensibilisées, mais insensibles
Quelle institution de la République peut oser clamer son ignorance des souffrances des agents et cadres de LAC ? Faisant bon cœur contre mauvaise fortune, ces travailleurs réunis au sein de DAC-ONG LAC pour la défense de leurs intérêts ont toujours privilégié le respect des lois et règlements qui régissent le monde du travail pour bénéficier un jour du fruit de la sueur de leur dur labeur.
Que de memoranda produits et remis à toutes les autorités du pays, en commençant par les présidents de la République Joseph Kabila et Félix Tshiseked GTi. Il en est de même des premiers ministres Matata, Badibanga, Ilunga Ilunkamba, Sama Lukonde et aujourd’hui Judith Suminwa Tuluka. Tous les ministres qui se sont succédé au Portefeuille, aux Transports, Voies de communication et Désenclavement, au Plan, aux Affaires sociales, aux Droits humains, etc. ont été mis à contribution pour la recherche des solutions idoines. Les deux chambres du Parlement s’y sont penchées en donnant même des directives à l’Exécutif qui sont restées lettres mortes jusqu’à ce jour.
C’est comme si une main noire bloquait toutes les issues pour que tant de démarches soient totalement refoulées pour se terminer en eau de boudin.
En prenant cette mesure génocidaire, le gouvernement des surdoués ouvrait toutes grandes les tombes qui ne cessent d’accueillir les dépouilles mortelles de ces héros dans l’ombre au crépuscule de leur vie dans le profond dénuement. La plupart d’entre eux ont pris de l’âge. Rongés par les soucis, l’incertitude du lendemain et le peu d’intérêt accordé par les détenteurs de l’imperium à leurs revendications sommes toutes légitimes, ils disparaissent l’un après l’autre. La comptabilité macabre de leur nombre indique le chiffre effrayant avoisinant les mille morts. Combien en faut-il encore pour que les autorités auxquelles ces dossiers sont soumis, fassent montre de volonté politique, voire d’humanisme en droite ligne avec la vision du « Peuple d’abord » ?
La balle se trouve dans le camp des membres du gouvernement dont certains conseillers voudraient transformer en faveurs les droits des agents et cadres de LAC. A les voir continuer de jouer au ping-pong pendant que de nombreuses vies humaines entières sont en train d’être fauchées…
Il y a un temps pour tout et une justice.
Des pistes de solutions mûrement réfléchies
Pour sortir de l’impasse, des pistes de solutions mûrement réfléchies existent. Elles se trouvent à la portée des décideurs. Pour ne citer que la part de responsabilité de l’État congolais envers cette entreprise, avec sa triple casquette de propriétaire unique, client privilégié et pouvoir public, la RDC est de beaucoup dans sa descente aux enfers. Si le gouvernement s’assume en payant cette dette dûment certifiée à la première compagnie aérienne nationale, cela va à coup sûr soulager tant soit peu la misère de ces pionniers de l’aviation civile en Afrique subsaharienne. Faut-il rappeler à l’opinion que feu Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba a présidé le conseil d’administration du « Léopard volant » originel. Aujourd’hui, ces travailleurs qui l’ont connu au sein de cette entreprise triment comme s’ils étaient atteints de la peste.
Au moment où les membres du gouvernement embouchent la trompette du social, il est anormal de voir plus de 1.500 agents et cadres encore en vie et leurs descendances être condamnés à une mort certaine. Ce ne sont pas les multiples promesses dont les autorités les ont gravées qui vont leur apporter des solutions pragmatiques. Mais plutôt une volonté politique clairement affichée comme on en a l’illustration dans d’autres secteurs d’activités. Les membres de DAC-ONG LAC ne sollicitent pas mieux que l’implication personnelle de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, avec sa sensibilité de mère de famille, pour apporter le sourire à cette communauté longtemps meurtrie.
Ya’ EBENDE