Aucun intellectuel africain – aucun -, encore moins congolais – n’a à ce jour inventé autre régime politique en dehors de ceux produits par les Occidentaux (régime présidentiel, régime parlementaire ou semi-parlementaire). Aucun n’a non plus produit une ébauche d’une prétendue démocratie « à l’africaine » dont les valeurs seraient différentes de celles de la démocratie « occidentale » dont la LIBERTÉ est la valeur cardinale.
La commission que Félix Tshisekedi envisage d’installer, appelée à élaborer une nouvelle Constitution, ne produira rien de nouveau sous le soleil. Il y aura toujours un gouvernement qui gouvernera, un parlement qui votera les lois et des cours et tribunaux qui diront le droit.
Changer par exemple les termes « souveraineté permanente » sur le sol et sous-sol en « propriété » sur le sol et le sous-sol, le nombre et la durée du mandat du président de la République, augmenter ou réduire le nombre des provinces ou des autres entités administratives, garder ou supprimer le Sénat, avoir ou non un vice-président de la République, maintenir l’exclusivité de la nationalité congolaise ou la détenir concurremment avec d’autres nationalités , conclure par le Congo des accords d’abandon partiel de souveraineté dans le cadre d’adhésion à une communauté internationale, élire les autorités politiques au suffrage universel direct ou indirect, nommer les gouverneurs de provinces ou les élire ne seront pas des innovations, des inventions congolaises, ni en idées ni en mots.
Les membres de la future commission, qui seront certainement triés sur le volet par…Félix Tshisekedi, auront difficile à établir la liste de nos « réalités congolaises » à mettre dans la future Constitution. Nos réalités actuelles, ce sont les louanges du président de la République, le tribalisme, le népotisme, la corruption, les détournements, la polygamie, l’impunité, l’obsession de l’argent, les enrichissements sans causes, les passe-droits, les haines ethniques, les bars et les églises à foison dont les bruits empêchent toute concentration intellectuelle et paisible repos, nos femmes qui préfèrent les cheveux lisses qui pendent jusqu’au bas du dos en singerie des femmes blanches, l’incompétence de beaucoup de gestionnaires publics, l’abaissement inquiétant de la qualité de l’enseignement et du niveau intellectuel des Congolais, les biens dotaux de plus en plus exorbitants exigés par les parents des fiancées à leurs futurs gendres, le port à la mode de la cravate et du gilet (costume trois pièces) inventés en Europe pour protéger le cou et le thorax contre le froid hivernal et donc inappropriés à notre climat caniculaire, les plats européens prisés par l’élite congolaise fortunée, le français davantage parlé dans les familles des parents lettrés, etc. Sont-ce ces « réalités congolaises », nos « bonnes » manières de vivre, nos « traditions » que l’on ne trouve pas codifier dans l’actuelle Charte nationale et qu’il faudra insérer dans notre rêvée Constitution à écrire AU Congo et PAR les Congolais ?
Que Félix Tshisekedi et son gouvernement se concentrent sur les nombreuses préoccupations importantes et urgentes des Congolais. Le « changement » de la Constitution n’en est pas une.
Wina LOKONDO