De retour fraîchement au pays hier soir après la célébration de la Noël et pour m’apprêter au passage pour 2020, je me suis réveillé ce matin (mardi 31 décembre, le dernier jour de 2019) avec une mauvaise nouvelle en cette année qui s’achève. C’est au dernier jour de cette année finissante que Roger termine son séjour terrestre. C’est donc en actionnant mon smartphone ce matin pour m’ouvrir au monde, je tombe sur cette annonce du décès de l’artiste peintre Roger Botembe faite par son jeune frère à travers la toile. Il y a eu entre lui et moi une sorte d’attachement. Je l’ai connu à la faveur de l’organisation du festival Fula ngenge que nous avons organisé en marge des 50 ans de Papa Wemba en juin 1999.
Depuis, nous avons, avec son collègue et ami Franck Dikisongelé, développé de très bonnes relations amicales. Et il ne manquait pas de solliciter mon expertise pour ses expositions. Et lorsque je m’installe en Afrique du Sud en 2008, avec femme et enfants, je le retrouve au pays Arc-en-ciel où il m’avait précédé où il a rendu son dernier souffle. J’avais appris qu’il y est demeuré pendant que j’ai regagné mes pénates pour des raisons de santé. Il m’est arrivé quelquefois de chercher à en prendre la température, des nouvelles que je recevais de lui me paraissaient mi-figue mi raisin. Visiblement, c’était pour entretenir l’espoir. Et cet espoir s’est finalement étiolé avec ce départ dans l’au-delà auquel je ne m’attendais pas, du moins pour l’instant. De lui je garde le souvenir d’un personnage débonnaire, affable et respectueux des aînés. Il a donné goût notamment à Papa Wemba au point où ce dernier a fini par lui emboîter le pas.
Le voilà qu’il a commencé à peindre lui aussi avant d’exposer ses tableaux qu’il a donné à apprécier au Centre Wallonie Bruxelles. Et au-delà, il a inspiré beaucoup d’autres quand on a regardé ce qu’il savait faire de mieux. Ses toiles exposées ici et là contribuant à la beauté des lieux (comme au Memling ou à Rawbank notamment) continueront à parler à sa place maintenant qu’il a passé l’arme à gauche. Avec sa disparition, nous avons perdu un des grands artistes plasticiens de notre pays. Pour mieux le cerner, voici quelques traits de son parcours à travers ce que j’ai pu collecter après mes recherches.
Né à Kinshasa, le 4 mars 1959, l’artiste peintre muraliste monumentaliste Botembe compte, parmi les nombreuses décorations de son palmarès, la Médaille d’or du gouvernement belge, le Prix d’Excellence de la Ville de Bruxelles, le Prix du Musée d’Art contemporain de Louvain-la-Neuve. Il a bénéficié d’une longue et solide formation artistique et générale, appuyée par de nombreux voyages et stages au pays et à l’étranger. Citons à partir de la fin de ses études secondaires à l’Académie des Beaux-Arts à Kinshasa, son séjour à l’Institut National des Arts à Abidjan (Côte d’Ivoire) et son admission à l’Ecole Royale des Beaux-Arts de Bruxelles.
Après un passage par la ville de Graz, c’est à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne que « le meilleur étudiant de sa promotion » obtiendra son diplôme de Maître : le Magister Artium.
Il a participé à de nombreuses expositions : Centre de Commerce International du zaïre, Centre culturel français de Kinshasa, Centre culturel d’Auderghem (Bruxelles), Musée David et Alice Van Buren (Bruxelles), Galerie Symphonie des Arts (Kinshasa), galerie Louis Van Bever et Galerie De Clèves à Kinshasa.
Botembe Mimbayi est un peintre des profondeurs de la vie. Il considère que la vie est essentiellement mouvement et mystère; il la guette, la surprend et la traduit par des formes de plus en plus énigmatiques que sa palette chromatique vient délimiter et dissoudre aux confins du figuratif et de l’abstraction. Sa peinture parle ainsi un langage dont les accents s’accordent et sont audibles en même temps dans deux univers à la fois : univers des vivants et des morts ou des esprits. Or, rien de tel pour cadrer er définir une totalité aussi débordante et incompréhensible que le rapport impénétrable de l’entre-deux-mondes… ce rapport merveilleusement rendu par les moyens expressifs du temps présent associés à l’évocation des images du passé et de toujours…