La voie pour franchir les villes de Kinshasa et Brazzaville est le Pool Malebo mais pour le faire il faut souvent effectuer un parcours du combattant suite à la multiplicité de taxes et aux tracasseries d’immigration. Tout cela décourage bon nombre de candidats à la traversée, alors que Kin et Brazza sont les deux capitales les plus rapprochées du monde. Long de 35 km et large de 25, le Pool Malebo est un lac intérieur de 500 m2 dont les rivages hébergent les deux agglomérations. Kinshasa, fondée en 1881 avec une population estimée à 13,2 millions d’habitants et Brazzaville en 1880, avec 1 838 348 habitants partagent les mêmes centres d’intérêts tant familiaux que commerciaux. Comme deux villes jumelles, anciens villages Téké, elles ont toujours depuis de lustres entretenu des rapports de bon voisinage et leurs résidents vivent en bonne intelligence malgré deux régimes coloniaux différents. Le fleuve Congo n’a jamais constitué une barrière car à une certaine époque, les gens traversaient seulement avec son billet et sans une autre formalité. Les Kinois allaient travailler à Brazzaville et vice versa; pareil pour les écoliers de deux villes. Les mamans de Brazzaville faisaient leurs provisions à Kinshasa tandis que les hommes traversaient pour assister à de concerts livrés par les grands orchestres kinois à l’instar de l’Ok Jazz, African Jazz. Les Kinois, de leur côté, se rendaient à l’autre rive pour boire du vin car à Kinshasa, ils n’y avaient pas droit. On assistait également à des rencontres de football entre les équipes V.Club, Daring, Diables Noirs, Cara, etc. Traverser pour rendre visite à des amis ou à la famille ne posait aucun problème comme si on se déplaçait d’une commune à une autre.
Avec le temps, on a instauré le laissez-passer, les taxes de traversée et d’immigration pour franchir le Pool Malebo. Avec la suppression de traversées par grand bac de la SCTP de Kinshasa et de l’ATC de Brazzaville, les voyageurs empruntent des canots rapides et la durée de traversée varie entre cinq minutes et un quart d’heure.
Traverser le Pool Malebo est devenu maintenant un chemin de croix à cause d’innombrables tracasseries auxquelles les voyageurs sont soumis.
Tout débute par un laissez-passer à obtenir à la direction provinciale de l’immigration à quelques km du beach et qui vaut l’équivalent de 5 $ ; on doit également de se munir d’un certificat de vaccination (35 $) d’une validité de 6 mois mais sans être vacciné ; quant au billet de la traversée et aux frais d’accès aux installations portuaires, il faut débourser pour un aller-simple 25 $et 5 $ pour les formalités d’immigration (visa et fouille).
Une fois les formalités terminées, il faut attendre plus d’une demie-heure pour embarquer. Une fois à Brazzaville, on doit payer le droit de débarquement à 1 200 F CFA, la fouille à 1 000 F CFA, et le visa à 2 000 F CFA, l’équivalent de près de 10 $. La validité d’un laissez-passer est de 72 heures, une fois ce délai passé, il y a des pénalités à payer selon le nombre de jours de dépassement. Au retour, les voyageurs sont astreints aux mêmes formalités ajoutées à cela les tracasseries administratives et des forces de l’ordre. Les coûts élevés de la traversée et les tracasseries d’immigration découragent certaines personnes à franchir le Pool Malebo alors que les deux villes sont jumelées et sont liées par un accord dans le cadre de la Commission spéciale de coopération (Cospeco). En effet, les dispositions de cet accord sont restées lettre morte car rien n’est mis en pratique pour rapprocher les populations de ces deux villes. Or cette commission a pour mission de promouvoir les différents secteurs de coopération entre autres politique, économie, social et sportif, culturel. Il est grand temps de mettre fin à ces dysfonctionnements et aux arnaques organisées en instaurant un guichet unique pour les passagers, en limitant le nombre des services habilités à opérer dans les installations portuaires et en supprimant les taxes illégales.
Herman BANGI BAYO