‘’Le président de la République avait promis de faire des artisans des millionnaires’’
Pouvez-vous vous présenter et donner le nom de votre association ?
Je vous remercie pour la visite et on m’appelle Ngalapa Ngawupa, je suis le président de l’Association des artistes et des artisans de Binza Delvaux. Notre association est apolitique et regroupe plus d’un millier de membres dont des menuisiers, garnisseurs, tailleurs et peintres.
Depuis quand votre association existe et êtes-vous représentés dans d’autres provinces ?
Notre association a vu le jour en 1982 et d’une manière formelle, nous n’avons pas de représentations au niveau des provinces mais nous avons des gens qui ont appris le métier chez nous et qui sont installés dans des provinces ou à l’extérieur du pays qui nous représentent.
Quels sont les objectifs poursuivis par votre association ?
Nous poursuivons plusieurs objectifs entre autre le développement communautaire, la promotion de l’artisanat et la lutte contre la délinquance. Aujourd’hui l’Etat est butté à la montée de la délinquance à travers le phénomène kuluna. Mais nous, nous contribuons à son éradication à travers la formation de jeunes délinquants en leur apprenant un métier qui va leur permettre d’être responsables. La majorité de nos membres, près de 90 %, est constituée de jeunes et ces derniers apprennent gratuitement pour devenir demain utiles à la société. La plupart d’entre eux sont des enfants de pauvres et n’ont pas pu suivre un cursus scolaire normal. Aujourd’hui, ils ont abandonné leurs mauvaises habitudes et se consacrent à l’apprentissage du métier. Nous encadrons de centaines d’enfants et on doit aussi les prendre en charge. Le peu que nous gagnons, nous sommes obligés de s’occuper d’eux en sacrifiant de fois nos ménages.
Vous produits sont-ils à la portée du Congolais moyen ?
Oui, nos produits sont à la portée de toutes les bourses, fonctionnaire de l’Etat comme ministre.
Quelles difficultés rencontrez-vous pour améliorer la qualité de vos produits ?
Nous avons un problème des machines et d’autres matériels qui coûtent cher et les banques n’octroient presque pas de crédits ou lorsqu’elles les octroient, ils le sont à des taux exorbitants. Si nous arrivons à acquérir des machines, personne n’ira chercher des produits chinois. J’avais suivi au Sénégal, l’Etat appuyer les PME, tel n’est pas le cas chez nous. L’Etat doit promouvoir la classe moyenne qui est le moteur du développement.
On vous reproche souvent le manque de finition des vos produits, êtes-vous aujourd’hui en mesure de faire face aux produits chinois ou turcs ?
Oui, nous sommes en mesure de relever ce défi et les gens comprennent de plus en plus que la matière avec laquelle on fait ces meubles n’est pas de bonne qualité. Et de temps en temps, on nous amène ces meubles pour réparation. Le problème est que nous ne bénéficions pas du soutien de notre gouvernement. Beaucoup de personnalités achètent nos produits mais nous continuons à exposer sous des hangars et souvent nos produits se détériorent suite aux rayons solaires ou aux eaux de pluie. Nous sommes abandonnés à notre triste sort
Pourquoi ne sollicitez-vous pas l’appui de partenaires extérieurs ?
Il y a des structures qui peuvent nous appuyer mais bon nombre dès qu’il y a un financement, elles l’orientent vers une autre destination, c’est ce qui nous décourage.
Avec la fermeture de frontières, êtes-vous en mesure de satisfaire la demande locale ?
Effectivement, nous sommes en mesure de le faire à condition d’être soutenu par les autorités du pays. Allez visiter les différentes administrations, vous ne trouverez jamais des meubles fabriqués localement alors que certains d’entre eux achètent nos produits. Ils préfèrent des produits fabriqués en Chine pour gonfler les factures et gagner gros.
Avez-vous un message à livrer ?
Qu’on donne des moyens aux artisans et artistes pour développer leurs activités car ils contribuent également à l’économie du pays. Le président de la République avait promis de faire des artisans des millionnaires et on attend la concrétisation de sa promesse et les Congolais doivent faire confiance à leurs concitoyens et consommer les produits locaux.
Propos recueillis par Herman Bangi Bayo