Tabu Ley Rochereau : premier musicien africain à se produire à l’Olympia de Paris.
Après une décennie de succès sans discontinuer tant sur le plan local que continental, Tabu Ley Rochereau envisage vers la fin de l’année 69 prospecter de nouveaux horizons. D’où l’ambition projet de prester dans la prestigieuse salle de l’Olympia de Paris.
Deux sujets ivoiriens Samba (que Paul Ndombe immortalisera plus tard) et Léon Xacis vont être chargés pour la matérialisation dudit projet. Cette proposition rencontrera l’assentiment du Manager de Tabu Ley, Ngwango Isi Nyoma (dit Selija), les collaborateurs du Président Mobutu en l’occurrence Mokolo wa Mpombo Edouard, Umba-di-Lutetet et cela se passe dans le plus grand secret. Au sein même de l’African Fiesta National (l’orchestre de Tabu Ley), les musiciens les plus proches de Rochereau ne sont au courant de rien. Vers le début de l’année 1970, les deux émissaires de Tabu Ley invitent Mr Bruno Coquatrix (patron de l’Olympia de Paris) à Kinshasa pour avoir une idée précise sur la prestation de l’orchestre congolais, surtout, de l’artiste qui veut jouer dans son mythique music hall.
Un spectacle spécial est organisé à cet effet au bar Suzanella (sur l’avenue de l’Université, a quelques pas du rond-point Yolo Médical, quartier Mombele). Après la prestation de l’orchestre, Bruno Coquatrix est convaincu et accepte de recevoir Pascal Tabu sur les planches mythiques de l’Olympia de Paris. Le français passe même en direct sur la télévision nationale pour exprimer son satisfecit.
Pour mieux préparer le spectacle, Tabu Ley Rochereau et ses musiciens passeront huit mois au Domaine présidentiel de la N’Sele, sous les hospices du le Président Mobutu.
Le spectacle a eu lieu le 12 décembre 1970, en début de soirée, Rochereau monte sur la scène de L’Olympia de Paris où toutes les places ont déjà été vendues. Le concert est retransmis en direct sur les ondes de la Radio nationale en RD Congo.
A la tête de son African Fiesta National, au chant Tabu Ley est accompagné de Paul Ndombe, Kare et Malao Hennessy ; aux guitares : Michelino, Faugus, Athel, Mantuika, Kongolia ; à la basse : Mwena et Filo ; aux cuivres : Empompo, Sacky, Biolo et Willy ; aux percussions : Seskain Molenga et Bakoyene. Au groupe de musiciens, il faut ajouter les danseuses et danseurs : Marietou, Angelique, Annie et Saidi, Pascal et Dilins « Kinsekwa » et deux accompagnateurs Mukala et Onema Pao.
Pascal Tabu Ley jouera 26 jours d’affilée (34 spectacles au total, excepté les dimanches), d’abord comme tête d’affiche pendant 16 jours, puis en première partie de Julien Clerc pour 10 jours concerts.
Au retour de Paris, Rochereau et son African Fiesta National font un tour de triomphe à travers tout le pays, avec des chansons comme “Silikani”, “Mundi”, “Chéri Samba”, “Seli Ja”. Le Président Léopold Sedar Senghor estime que Pascal Tabu ne peut pas en rester là. Il l’invite au Sénégal, après lui avoir adressé une lettre de félicitations. Le voyage du Sénégal (particulièrement à Soumbe Djoum) les inspire. Ils donnent ce nom à une danse qui deviendra célèbre sous le nom de “Soum Djoum”. L’année suivante, fort de ce succès, Tabu Ley change le nom de son orchestre : l’African Fiesta National devient “Afrisa International”, comme pour marquer le passage de Rochereau à la scène internationale.
Le passage de Tabu Ley Rochereau à l’Olympia de Paris en 1970 fut avant tout un événement de portée nationale car le président Mobutu s’est personnellement investi. La première soirée fut retransmise à la radio nationale. Rochereau a ouvert la voix du Showbiz international aux artistes africains. Et suivra après Abeti Masikini, Papa Wemba, Emeneya et tant d’autres.