Lorsqu’il s’est agi pour Papa Wemba de voler de ses propres ailes après ses démêlés avec ses anciens compagnons de Yoka Lokole, il s’est formé autour de lui un cercle restreint. Des personnes sur lesquelles Bokul s’est appuyé avant de rebondir. Au nombre desquelles se trouve celle qu’on appelle familièrement mère Adolo ou mère frenchen. Soutien de la première heure de cette époque (1976), elle a joué un rôle moteur, résidant en face de l’habitation de Papa Wemba sur la rue Kanda-Kanda à Matonge (lui sur A42 et elle sur A35). De son vrai nom Kebele Mvuka, elle a été copine à la petite sœur de Jules Wembadio et a vu arriver Marie Rose Amazone (épouse de Wemba) dans son foyer. Jadis amie intime de Mbuli ya M.T. (ancienne compagne de Jossart Nyoka Longo, Adolo a débuté sa vie comme vendeuse dans une boutique de prêt-à-porter de Ndiaye, un Sénégalais qui avait pignon sur rue à la place de Matonge fréquentée par une foultitude de gens notamment les célébrités qui chercheaient à s’habiller chic. Au fil du temps, des liens amicaux se sont développés avec un grand nombre de personnes connues et anonymes.
« Je dois une reconnaissance infinie à Papa Wemba qui m’a notamment fait voyager en Europe et j’ai pu acquérir ma maison grâce à lui. Lorsque je facilitais le contact de certains qui voulaient rencontrer Wemba tirant le bénéfice de ces relations, il me réservait quelques dividendes m’ayant permis de me procurer une maison », se rappelle Adolo qui dit avoir tout fait pour le Kuru. Elle a même vendu des billets pour certaines de ses productions.
Chez Adolo, se dressait un estaminet (cadre servant la bière et espace de convivialité) où s’arretaient tous ceux qui espéraient voir Wemba et bien d’autres clients ordinaires. Beaucoup qui y venaient se rivalisaient d’ardeur et causaient français. D’où on a adjoint à son prénom l’adjectif « Frenchen » comme sobriquet…
Le coin devient célèbre et Bokul y invitait généralement ses visiteurs là pour refaire le monde. Parmi les habitués de chez Adolo des craneurs de tout acabit prenant une attitude assurée afin d’épater l’entourage et être reconnu…
Elle reste marquée par cette icône mondiale de la chanson qui est, à ses dires, un patrimoine à préserver. Fortement affectée, à l’image de la multitude de personnes de par le monde, par la disparition inopinée de Wemba, elle est restée sans voix en sanglotant comme personne après avoir appris la triste nouvelle. Elle dit voir jusqu’à ce jour son ombre planer sur le périmètre mais sans le voir lui-même.
Soutien aux jeunes pour la continuité
Raison pour laquelle, le souhait est que le village Molokai (le lieu à consacré de ses débuts) soit érigé en un lieu de référence et un monument en guise d’hommage mérité pour l’ensemble de son œuvre.
« Nous avons tous salué l’initiative de lui construire un mausolée par les autorités et nous attendons fiévreusement sa matérialisation », a-t-elle préconisé.
Il vrai, reconnaît-elle, que Viva la Musica ne sera plus pareil comme du temps de son mentor comme l’ont été les orchestres tels que OK Jazz, Afrisa, Empire Bakuba, dès lors ceux qui les incarnaient ont disparu.
« Nous nous efforçons de soutenir les jeunes musiciens qui sont là pour perpétuer son nom, afin que nul ne l’ignore », a indiqué Mère Adolo dont un enfant porte le nom de Wemba et une autre celui d’Amazone. Actuellement, elle s’occupe de sa boutique d’habillement à l’entrée de Kanda-Kanda côté couloir Madiakoko.
Pour elle, Wemba demeurera dans les esprits de la multitude de commun de mortels comme l’a été Diego Cao ou Magellan, ces explorateurs portugais qui ont fait le tour du monde à l’instar des paladins en quête d’aventures et d’opportunités. A observer l’enthousiasme qu’il mettait dans l’exercice de sa tâche, pense-t-elle, Wemba donnait l’impression d’être à la recherche de la toison qu’il semble avoir trouvée d’ailleurs. Selon elle, il est à classer dans cette catégorie d’heroiques chevaliers errants…
Bona MASANU