L’aspect candide qui se dégage de sa personne – ne vous en fiez pas – contraste avec ce qui a du solide dans la profondeur de son être. Elle est juriste, écrivaine, battante aussi qui dédaigne qu’on lui marche sur les pieds. A bon vin point d’enseigne et comme bon sang ne saurait mentir, Bernadette Tokwaulu Aena à forgé sa carapace par la force du poignet. Elle n’en donne pas l’impression, loin de là, elle est véritablement bâtie comme un roc. Pas du tout aisé à faire bouger facilement comme on veut.
Déjà, je la voyais dans la ville à travers le cercle de mes amis. Mais d’elle, je savais seulement qu’elle était la fille de l’ambassadeur Tokwaulu (paix à son âme) qui a péri dans le crash d’un avion avec le président Mozambicain Samora Machel. C’est quand, en août 1995, Djo Bakali Sembe devient président délégué général de la SNEL que Bernadette lui succède au poste de secrétaire général. Signes évidents qu’elle était partie pour côtoyer les cimes. Comme je faisais office d’agence conseil en com’ de la SNEL, je devais, du coup, collaborer avec elle, non seulement elle avait en charge les relations publiques, mais aussi la presse. Avec un caractère trempé à l’acier, ce n’était pas une partie de plaisir de travailler avec elle. Elle était à la manœuvre de tout depuis son bureau et sur le terrain avec son équipe. Entre deux réunions, Bernadette avait le temps d’écrire, c’est sa passion, elle compte de nombreuses publications scientifiques. Et dans le même créneau, elle composait des chansons pour un orchestre des jeunes de la Gombe. C’est son autre hobby. Cette native de Kisangani où elle a vu le jour il y a 58 ans (le 28 avril 1961) est détentrice d’une licence et maîtrise en Droit des affaires à l’Université de Lille, en France. C’est d’ailleurs en qualité de conseiller juridique qu’elle fait ses débuts à la SNEL avant de devenir successivement secrétaire permanent du Comité de gestion, assistante du PDG puis secrétaire général. A l’avènement de Joseph Kabila au pouvoir, elle sera propulsée au Comité de gestion, et suite à ses prises de position énergiques face à la manière de gérer le pays par le régime Kabila, elle va perdre son poste et rallier le camp de l’opposition et devenir activiste de la société civile. Pas du genre à exploser en plein vol ! Depuis, elle est sur tous les fronts et ne laisse rien se passer dans la gestion du pays sans qu’elle donne son point de vue.
J’ai eu l’opportunité de devenir son ami et du coup, elle ne manquait pas de m’inviter chez elle pour partager un repas en compagnie de sa mère et ses deux enfants qu’elle ne manquait pas de gâter. Aux dernières nouvelles, j’apprends qu’elle a pris un repos après son noble combat pour une cause juste. Elle a posé ses valises dans l’espace Schengen après avoir fait grand bruit sur les réseaux sociaux pour obtenir son visa. Sacrée Bernadette, elle n’est pas encore au bout du rouleau comme un repli stratégique…