L’instauration de l’Etat de droit en RDC se concrétisera-t-il un jour? Doutes et réserves planent au-dessus de cet ambitieux projet du 5e président de la République. Exigence des partenaires au développement, conditionnant parfois leurs aides à cela, il se bat bon an mal an pour que son pays y arrive. Mais jusque-là, c’est en dents de scie que l’exécution de ce projet avance.
Des révélations et dénonciations des détournements des fonds publics, des enquêtes menées par-ci par-là avec le renforcement du pouvoir de l’inspecteur général des finances, un mort ressuscité, des interpellations et des incarcérations, les ingrédients sont réunis mais l’insatisfaction est à son comble. Pourquoi?
En effet, l’opinion publique s’attend à ce que les véritables criminels économiques, pour la plupart couverts d’immunités, répondent de leurs actes dans le cadre de cet État de droit. Chose qui n’arrive pas jusque-là. Les preuves avérées de leurs crimes sont dénoncées et connues de tous, mais ils ne sont pas inquiètes jusque-là. L’IGF a, en déposant son rapport cette semaine, regretté que le Parlement soit devenu un abri pour les fossoyeurs des derniers publics.
Le président du patronat congolais Albert Yuma est libre alors que le dossier de plus de 200 millions US détournés pèse toujours sur lui. Le dossier Bukanga Lonzo, Go pass…ont vu des millions de dollars se volatiliser dans la nature. A la condamnation de Vital Kamerhe et certaines autres personnalités, impliquées dans le procès des 100 jours, les voix se sont levées pour réclamer justice contre les criminels économiques qui semblent forts aujourd’hui.
Ce qui n’arrive pas. L’attente devient de plus en plus longue pendant que l’État de droit jacasse et tracasse. Le projet de son instauration ressemble de plus en plus à l’absurde idée du récit biblique de la construction de la Tour de Babel. « Un peuple s’est réuni et a construit une tour pour atteindre le Dieu invisible se trouvant au ciel », racontent les saintes écritures en indiquant qu’il a été confondu car la tour s’est écroulée.
Alors que l’État de droit a pour finalité d’atteindre le sommet de crimes, la tâche semble difficile. Certains analystes estiment que ce sommet c’est l’ancien président Joseph Kabila, le terminus de toutes les chaînes de détournements enquêtées. Reste à savoir si cet État de droit va-t-il s’écrouler ? Le vœu de plusieurs Congolais est de le voir se solidifier face à la puissance de ceux qui le menacent.
Ricky KAPIAMBA