Patrice Emery Lumumba est un homme politique congolais. Né le 2 juillet 1925 à Onalua, dans l’ancien Congo belge, il fut le premier Premier ministre de la République Démocratique du Congo (RDC), de juin à septembre 1960. Il a été assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga. Considéré comme le premier « héros national » de la RDC, il incarne l’une des principales figures de l’indépendance du Congo belge.
Il grandit au Congo belge, dans des écoles religieuses. En 1945, il devient journaliste et est remarqué par l’administration belge qui le récompense en lui fournissant une carte d’immatriculé. Patrice Lumumba n’est pas directement indépendantiste : il s’allie avec le gouvernement belge afin de permettre au Congo d’évoluer le plus possible. Son avis change en 1958, lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles. L’image des Congolais y est peu mise en valeur. Il crée alors le Mouvement national congolais en 1958.
L’Indépendance du Congo est officielle le 30 juin 1960, après des discussions assez aisées lors d’une table ronde à Bruxelles. Le Congo bénéficie de ses premières élections cette même année, et c’est Joseph Kasavubu qui est élu Président. Il désigne Patrice Lumumba en tant que Premier ministre. Mais ce dernier est particulièrement amer envers les anciens colonialistes belges, et n’hésite pas à le faire savoir dès son discours d’investiture. Les Congolais s’indignent eux aussi du mal causé par certains Belges, et des milliers de ressortissants vivent toujours dans le pays. Chassés, leur sécurité semble être mise à mal, ce qui inquiète l’ONU. Lumumba, déchu de son poste de Premier ministre, ne veut pas en rester là et poursuit le mouvement. Il est arrêté et assassiné sous commandement belge, le 17 janvier 1961.
PATRICE LUMUMBA : DATES CLÉS
- 30 juin 1960 : Le Congo belge indépendant
Le roi belge Baudouin Ier, le président congolais Joseph Kasavubu et son Premier ministre Patrice Lumumba, célèbrent l’indépendance du Congo à Léopoldville (l’actuelle Kinshasa). L’ancienne colonie belge d’Afrique centrale, dénommée « Congo belge » en 1908, prend alors le nom de « République démocratique du Congo ». A l’ouest, le « Congo français » accédera à l’indépendance sous le nom de « République du Congo » ou « Congo-Brazzaville » quinze jours plus tard. Des affrontements ethniques et politiques embraseront rapidement la région.
- 14 juillet 1960 : Lancement de l’Opération des Nations Unies au Congo
L’ONU envoie ses forces militaires au Congo, où les tensions s’intensifient. Le Congo vient de proclamer son indépendance, mais des révoltes éclatent, renforcées par l’arrivée de nouvelles forces belges venues protéger les leurs. Face aux menaces, le Premier ministre Lumumba demande l’aide de l’ONU, qui ne tarde pas à intervenir. L’Onuc, Opération des Nations Unies au Congo, compte près de 20 000 militaires chargés de veiller au bon déroulement du retrait des troupes belges. Toutefois, les tensions ne s’apaiseront pas : Mobutu prendra le pouvoir en septembre, soutenu par l’ONU. Lumumba, quant à lui, sera arrêté puis assassiné. On accusera alors l’ONU d’en être en partie responsable et l’URSS en sera particulièrement indignée.
- 17 janvier 1961 : Assassinat de Patrice Lumumba
Le leader du Mouvement national congolais (MNC) est tué dans des conditions mystérieuses au sud du Congo belge qui deviendra le Zaïre puis la République démocratique du Congo. Patrice Lumumba avait été nommé Premier ministre du Congo au moment de l’indépendance du pays en juin 1960. Il avait été évincé du gouvernement et livré au sécessionniste du Katanga Moïse Tshombé lorsque la guerre civile a éclaté (septembre 1960). Partisan d’un Congo indépendant et unitaire, il était jugé trop proche de l’URSS à qui il avait demandé de venir en aide à son pays. La décision de l’éliminer est attribuée au gouvernement belge et à la CIA. Son exécution fera de Patrice Lumumba le symbole de la lutte anticolonialiste africaine.
Le 17 janvier 1961, il y a tout juste soixante ans, disparaissait le premier chef de gouvernement congolais, assassiné après avoir été renversé avec la complicité de Washington. Un épisode sombre que Larry Devlin, le « Monsieur Congo » des services américains de 1960 à 1967, révélera un demi-siècle plus tard dans son passionnant récit, « CIA, Mémoires d’un agent ».
Léopoldville, 30 juin 1960. Avec la proclamation de son indépendance, le Congo sort enfin de la longue nuit coloniale. Le nouveau pouvoir est bicéphale : un chef de l’État aussi madré qu’indéchiffrable, Joseph Kasavubu, et un Premier ministre aussi charismatique qu’imprévisible, Patrice Lumumba. Dans les bars, on danse au rythme d’Indépendance Cha Cha, mais l’euphorie sera de courte durée.
Dès le 5 juillet, une mutinerie éclate dans le camp de Thysville (Mbanza-Ngungu), puis s’étend à la capitale. Une affaire de soldes, bien sûr, mais aussi une révolte contre l’encadrement belge maintenu sur place en vertu d’accords bilatéraux. « Pour l’armée, a l’impudence de dire le général Janssens, qui la commande, indépendance égale zéro. »
Le 11 juillet, c’est la riche province du Katanga, où règne l’« Union minière » belge, qui entre en sécession sous la houlette de Moïse Tshombe.
Assassinat de Patrice Lumumba : « Connaître enfin la vérité est un droit légitime et un devoir collectif »
La justice belge a annoncé qu’elle allait rendre une dent de Patrice Émery Lumumba à sa famille. Juliana Lumumba, la fille du héros de l’indépendance congolaise, revient pour Jeune Afrique sur l’enjeu symbolique de cette décision et, surtout, sur les zones d’ombres qui entourent toujours l’assassinat du premier Premier ministre du Congo indépendant en 1961.
Une dent. Voilà ce que la justice belge a annoncé qu’elle allait restitué à la famille de Patrice Lumumba. Cette dent, jusque-là sous scellée car étant une des pièces du dossier judiciaire ouvert en Belgique sur la mort de Lumumba, est l’un des rares reste de celui qui est, encore aujourd’hui, connu comme le héros de l’indépendance congolaise.
Éphémère Premier ministre d’un Congo tout juste indépendant, en 1960, connu pour son célèbre discours le jour de l’indépendance, Patrice Lumumba avait été, quelques mois plus tard, renversé puis arrêté.
Le 17 janvier 1961, dans le Katanga brièvement sécessionniste de Moïse Tshombe, Lumumba sera torturé sous la supervision d’officiers belges, avant d’être exécuté dans des circonstances qui n’ont, soixante ans après, toujours pas été élucidées.
Le corps, lui, n’a jamais été retrouvé. Et pour cause. En 2000, dans un documentaire télévisé, le commissaire de police belge Gérard Soete a raconté avoir découpé et dissous dans l’acide le corps de l’ancien Premier ministre. Preuve à l’appui, il a affirmé avoir conservé une dent de ce dernier, relique qui sera saisie en 2016 dans le cadre de l’enquête ouverte en 2012 par le parquet fédéral belge, suite à la plainte déposée par plusieurs enfants du défunt Premier ministre.
Si elle salue dans cette décision une « victoire », Juliana Lumumba, la fille de Patrice Émery Lumumba, insiste surtout sur son enjeu symbolique et rappelle que des zones d’ombres persistent autour de l’assassinat du héros de l’indépendance congolaise.
Jeune Afrique : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que la justice belge avait décidé que votre famille recevrait la relique saisie en 2016 chez Gérard Soete Juliana Lumumba : C’est une grande victoire et une vraie satisfaction de savoir que, soixante ans après, les restes de mon père pourront rentrer au pays, que l’on pourra enfin l’enterrer dignement sur la terre de ses ancêtres et que nous, Congolais, pourront lui rendre hommage. C’est un soulagement après un long combat.
Ces dernières semaines, j’ai adressé une lettre au roi des Belges [le 30 juin, NDLR]. Nous avons réalisé une vidéo également. J’ai aussi écrit au président Félix Tshisekedi, et j’ai rencontré le chargé d’affaires de la Belgique en RDC, qui souhaitait en savoir plus sur la démarche.
C’est un geste nécessaire pour faire avancer cette histoire commune, certes dramatiques. Nous ne sommes plus en 1960, et il y a une volonté réelle de voir les relations entre les deux pays s’améliorer. C’est un pas positif dans cette voie.
NB : voir Google Juliana chez Felix Tshisekedi