Le fait simplement de le voir apparaître déclenchait tout de suite un fou-rire. Son expression faciale était faite apparemment pour ça ! Peut-être qu’il en forçait un peu les traits. Mais, bon… Dave Mpeti Mpeya, Mangobo de son d’artiste n’avait pas son pareil quand il montait sur scène pour produire des numéros désopilants qui ne laissaient personne indifférent. Rester de marbre face à Mangobo relevait même l’exploit ! Il avait formé un trio avec deux de ses compères, Monzali et Lokuli. Mais à lui seul il pouvait tenir un spectacle et vous emballer et toute votre soirée était faite (ou fête). Après le groupe théâtral Maboke de la radio nationale qui avait florès en égayant les foyers congolais dans les années 70, ce furent Ebale Mondial, Masumu et compagnie (groupe Salongo) qui avaient pris le relais sur Télé Zaïre. Même si de temps en temps, la Compagnie du Théâtre national ou le Minzoo du Père Buffalo avec ses opérettes et le trio Dasufa y ont ajouté leur grain de sel. Mais à partir du milieu des années 80 jusqu’à peu avant 90, ce fut incontestablement lui. Mangobo a émergé du lot par la qualité de ses tranches d’humour.
Bref, il avait crevé l’écran, comme on dit dans le jargon du métier. J’ai eu l’opportunité, sous ma casquette de producteur-manager d’artistes, de le produire en tournées entre Kinshasa et quelques provinces notamment dans l’ex-Bas-Zaïre (Kongo Central), Haut-Zaïre, au dans le grand Kivu, pour le compte de l’entreprise du tabac B.A.T Zaïre pour la promotion d’un de ses produits, la cigarette trésor. Tout compte fait, la génération d’aujourd’hui ne l’a pas vu à l’œuvre. Car en son temps, il était simplement incontournable ! A lui seul, le spectacle était assuré… Ironie du sort, un jour durant une de mes productions au stade Lumumba de Matadi durant les grandes vacances de 1986 avec Grand Zaïko Wa Wa de Manuaku Pépé Fely, alors que le public venu nombreux piaffait d’impatience pour le voir à l’œuvre, tandis que lui se faisait désirer. Voilà qu’un de mes collaborateurs Roger Dagu me pousse à combler le vide créé par Mangobo par un installateur des instruments du Père Buffalo tapi dans l’ombre. Sans trop le connaître, il avait plus d’un tour dans son sac. On l’a su ce soir-là ! Le bonhomme avait des talents latents et ce jour-là, il les a rendus patents. Cet installateur n’est autre que Ngadiadia alias vieux Ngadios… Il fut porté en triomphe après ses sketchs à couper le souffle. C’est comme ça que je lui ai mis le pied à l’étrier en s’ouvrant sur une activité qui a consacré son succès… Pour revenir à Mangobo, je rappellerai qu’il fut un ancien élève de l’Athénée de Kalina habitant Barumbu et fut aussi enseignant après ses études supérieures à l’Université de Kinshasa. C’est en somme une tête bien faite qui avait choisi l’humour pour répandre la bonne humeur à la ronde. Il est revenu il y a quelque temps à Kinshasa en voyage de prospection après 22 ans d’exil (15 ans en France et 7 ans en Hollande). Lui qui avoue n’avoir rien perdu de sa verve pense pouvoir renouer avec les Kinois si toutes les conditions de productions sont réunies. On ne demande qu’à le revoir pour redonner la preuve de ses capacités intrinsèques…