Devenue célèbre ces derniers temps avec l’arrestation du Directeur de cabinet du président de la République Vital Kamhere, la prison centrale de Makala est l’une des plus grandes prisons du pays construite dans les années 1950. D’une capacité d’accueil de 1500 prisonniers lors de son inauguration, elle accueille aujourd’hui plus de 7500 prisonniers dans des conditions les plus précaires.
Il y a quelques jours que je me suis rendu à la prison centrale de Makala visiter un ami incarcéré au pavillon 11 B et c’est qui m’a le plus surpris à la descente du bus, c’est la débaptisation de l’arrêt de ladite prison devenu arrêt Vital Kamhere, au nom du directeur de cabinet du président de la République, nouveau pensionnaire de ce centre pénitentiaire dans le cadre des enquêtes sur les travaux de 100 Jours du président de la République.
Rencontrer les hôtes de ce centre pénitentiaire est un parcours de combattant car partout il faut montrer patte blanche en commençant par l’entrée principale où on reçoit la carte d’accès à la prison en passant par le bureau de consignation des devises étrangères, de surplus de la monnaie locale, des téléphones, etc., la table de l’enregistrement d’identité, de la fouille et l’accès aux pavillons.
A première vue, c’est la promiscuité qui frappe les visiteurs, des détenus en tenues ou non vérifient les différents jetons, cinq au total, pour avoir accès aux pavillons et des couloirs bondés de prisonniers, certains assis et d’autres faisant des va et vient incessants le long de couloirs, d’autres proposant de fois leur service comme guide ou garde aux visiteurs.
Parmi cette population carcérale, on retrouve des voleurs à mains armés, des meurtriers, des simples voleurs, des escrocs, des débiteurs non solvables et d’autres pour des faits bénins comme injure publique, bagarre. Bon nombre aussi moisissent dans cette geôle sans jamais avoir été présentés à un magistrat.
Ces prisonniers vivent dans des conditions d’hygiène déplorables caractérisées par le surpeuplement, la malnutrition et l’insalubrité ainsi que par la pénurie du personnel soignant et manque de médicaments.
Comme ration, ils bénéficient d’un seul repas par jour, constitué d’un plat de haricot et maïs, surnommé vangule.
Pour survivre, certains prisonniers se sont transformés en commerçants en proposant divers produits manufacturiers.
Répartie en 11 pavillons, dont 3 VIP : pavillons 1, 8 et 11 B, la prison de Makala offre une image la moins reluisante d’une prison moderne avec des salles de 30 mètres carrés où sont entassés plus d’une centaine de détenus, mal aérées, sentant de fois l’urine dans les couloirs. Certains prisonniers dorment à même le sol et les quelques privilégiés dorment dans des lits et matelas de fortune.
En ce qui concerne le maintien de l’ordre à l’intérieur de pavillons, cette mission est dévolue aux gouverneurs qui font office de chefs de pavillons et ils détiennent des registres où sont consignés des allées et venues, des incidents et des doléances de prisonniers. Ils arrêtent les voleurs, les vendeurs de chanvre et de drogues, les bagarreurs, etc.
Face à ce tableau sombre, le gouvernement de la République à travers le ministère de la Justice, a entrepris depuis plusieurs années la politique de désengorgement de prisons avec la libération de prisonniers qui ont épuisé une grande part de leurs peines. D’autre part, les travaux de réhabilitation de ce centre pénitentiaire en cours permet d’améliorer tant soit peu les conditions de vie des prisonniers mais ils ne sont pas une panacée.
Enfin pour réduire le surpeuplement et améliorer les conditions de vie des prisonniers, il est souhaitable d’augmenter la capacité d’accueil de la prison centrale de Makala en construisant de nouveaux bâtiments tout en améliorant les conditions sanitaires et d’hygiène. Quelqu’un, à qui on a privé de liberté et qui est incarcéré, est à la charge du pouvoir public lequel doit assurer ses besoins les plus élémentaires.
Herman BANGI BAYO