A l’occasion du 40 jour du décès de Martin Lomami, le 4 ème enfant de Lomami Tshibamba, je fais ce papier pour rendre hommage à ce vieux écrivain du bassin du Congo, un des pionniers, un de grands journalistes, parce que j’ai été touché, après avoir perdu d’abord deux enfants avant d’avoir sa fille ainée Eliane, il a perdu encore son dernier enfant trois mois avant sa mort et l’année dernière il avait perdu l’un de ses garçons Honoré Lomami et au début de cette année, il vient de perdre un autre garçon Martin Lomami. Il reste encore dans cette famille Eliane sa fille ainée, Marguerite mon épouse et José qui s’est établi en France.
Les circonstances de la mort de Martin ont fait que je puisse avoir une pensée pieuse pour cet homme qui je pense à mon avis, ne peut pas être dans les oubliettes.
C’est toujours un grand plaisir de parler de Paul Lomami Tshibamba, décédé il y a 38 ans, que j’ai personnellement connu parce que j’étais son beau-fils pendant plus de 30 ans. Je me suis marié avec sa fille Marguerite Lomami Tshibamba de son vivant et j’ai eu le bonheur de passer beaucoup de temps avec lui. Je n’oublie pas qu’il m’avait accepté comme gendre, fils et ami avec qui on échangeait sans barrière. Je l’ai vu malade à Bruxelles. Je l’ai vu perdre un enfant et lui-même mourir après. Je garde de lui le souvenir d’un grand homme avec un G majuscule et un intellectuel avec un I majuscule. Il était un homme qui savait ce qu’il voulait et parler librement de ce qu’il pensait sans mettre des gants. Ce qui m’étonnait est que avant l’indépendance et loin avant l’indépendance qu’il a écrit « Ngando » avec les mots, les phrases, jusqu’au- jourd’hui je n’ai jamais compris comment il avait cette intelligence-là.
En souvenir de ce grand homme, j’ai fait ce papier en remix pour rappeler que des gens comme lui on ne peux pas les oublier.
A titre de rappel de ce qu’a été le père de « Ngando » et plus proche de nous « Ambongo », je vous prie de relire soigneusement sa biographie.
Biographie
D’un père originaire du Kasaï occi- dental et d’une mère ngbandi de l’Ubangi, Paul Lomami Tshibamaba est né le 17 juillet 1914 à Brazzaville. Il passera toute sa vie entre les deux rives du fleuve Congo. En 1921, il rejoint avec son père Léopoldville où il étudie à l’institut religieux Saint François Xavier de Mbata Kiela (Bas-Congo). Durant le séminaire, il découvre u amour pour la littérature. Il apprécie les histoires de Jules Verne et les récits fantastiques d’Edgar Allan Poe.
A la suite des problèmes de surdité, il ne peut finir ses études et décide de se retirer loin de la ville dans le calme. Mais peu de temps après, il décide de retourner à Léopoldville pour y travailler. C’est ainsi qu’il se retrouve en 1933 à la tête de la revue mission- naire des pères de Scheut. La Croix duCongo. Et finit par entrer un peu plus tard dans la compagnie du chemin de fer de Thysville dans le Bas-Congo. En 1939, il entre au gouvernementgénéral de la colonie comme dactylo- graphe. C’est en 1945, avec la création du journal La loi du congolais que Lomami Tshibamba entre en scène.
Il profite de son statut de rédacteur dans le journal pour écrire des articles très critiques envers l’administration coloniale belge. Polémiste infatigable,il le sera jusque dans ses œuvres. Ainsi, en 1948, lors du concours littéraire de la foire coloniale, son œuvre « Ngando » est primée malgré la polé- mique qu’elle avait suscitée. Mais les critiques répétées envers l’ad- ministration coloniale lui valent des attaques et des humiliations répétées sur sa personne et ses écrits.
Très vexé, il décide de quitter Léopoldville pour s’installer de l’autre côté du fleuve Congo. Une fois à Brazzaville, il est nommé à la tête de la revue Liaison qui fut à l’époque un tremplin pour des écrivains congolais comme Jean-Baptiste Tati Loutard, Tchikaya et Sylvain Bemba. C’est ainsi à cette période qu’il débute une carrière politique. Il occupe des postes mportants au Haut-Commissariat de l’Afrique Equatoriale française. En 1956, il participe avec son ami l’écrivain Antoine Roger Bolamba au Premier congrès des écrivains et artistes noirs qui se déroule à Paris. Toujours tiraillé entre les deux rives du fleuve Congo, il décide en 1960 de retourner à Léopoldville et fonde le quotidien Le Progrès qui plus tard prendra le nom de Salongo.
En 1961, il part pour Luluabourg, la région d’origine de son père où il travaillera au sein du cabinet du Gouverneur de la province jusqu’en 1963. Ses critiques envers les tradi- tions ancestrales lui valent d’être traité comme un étranger et méprisé à Luluabourg. Il décide de retourner à Léopoldville pour s’y installer et s’éloigner du monde de la politique qui commence petit à petit à l’exaspérer. Il travaille d’abord comme chercheur à l’Office National de la Recherche et du Développement (ONRD) puis comme responsable administratif à l’Office Congolais du Tourisme. Les dictatures qui se sont installées après l’indépendance n’ont pas été épargnées par les critiques de Paul Lomami Tshibamba. Certaines de ses œuvres inédites jusque-là ont été publiées seulement quelques années avant sa mort, grâce à certains de ses amis écrivains et des éditions soucieux de préserver la mémoire de la littérature francophone du Congo ainsi que celle de l’écrivain. Il meurt à Bruxelles en 1985.
HC JP EALE IKABE