Hier Léopoldville, Kinshasa, la capitale du Congo-belge de 1923 jusqu’à 1966 a, depuis lors, repris le flambeau avec l’arrivée de Joseph Désiré Mobutu à la tête du pays.
Poto Moyindo (Ici c’est comme en Europe) est l’appellation qui désignait à l’époque, Léopoldville, avant l’indépendance en raison de l’attractivité qu’elle suscitait de part sa beauté rayonnante. Tout incitait au respect et à l’admiration.
L’entrée au stade n’était pas à la portée de tout le monde, surtout pas des mineurs qui devaient impérativement se faire accompagner par un adulte. On appelait cette pratique ‘’ Papa Simba nga ‘’ (Papa merci de me tenir compagnie).
Vers 1970, avec l’éclosion des orchestres jeunes et la prolifération des buildings et des boîtes de nuit, Kinshasa devient ‘’ Kin-la-Belle ’’. La ville avait tout pour séduire le premier venu. Avec l’avènement de la Foire de Kinshasa (FIKIN), elle devient ‘’ Kin-Kiesse ‘’ (trop de plaisirs).
Dans cette ville, l’on a connu des taxis où l’on était seul à bord et qui vous conduisaient jusqu’à destination. L’on a aussi, en mémoire, les bus (OTCZ et STK), mais aussi, des Fula-Fula réputés pour leur grande capacité de chargement.
Dans cette ville, on y circulait librement jusqu’aux environs de minuit sans être inquiétés. OTCZ mettait un bus de ramassage pour prendre les derniers passagers qui traînaient encore dans les rues. Lorsque, par mégarde, on oubliait quelque chose dans le bus, on allait sur Kabinda au Terminus où se situait le bureau ‘’ Objets perdus ‘’ pour la récupération. Dans la plupart des cas, on rentrait satisfait.
Les petits mineurs qui n’avaient pas encore atteint l’âge de la majorité, ne pouvaient pas trainer dans les rues après 18 heures de peur de se faire arrêter et amener à Kingabwa (prison pour enfants) dans un véhicule qu’on appelait ‘’ Sans payer ‘’.
Il y avait moins des marchés de grande capacité. À peine quelques-uns tels que Gambela avec le célèbre ‘’ Papa Tala ngai ‘’ (bouchers et vendeurs de la viande fraiche), ‘’ Somba Zikida ‘’ et les petits marchés des communes qu’on appelait ‘’ Wenze ‘’. Autres temps, autres époques.
Depuis la fin de règne du Maréchal Mobutu, la ville a amorcé le processus de son déclin. Nonobstant l’éclosion des bâtiments ultra modernes particulièrement au centre-ville, Kinshasa tend à se muer en un grand marché à ciel ouvert qui ne porte pas son nom. Des marchés de fortune, des étalages des cambistes ou de vente des crédits ainsi que les terrasses se disputent désormais les espaces sur fond d’une pollution sonore qui rajoute à la cacophonie ambiante.
Manger et boire font partie de la vie des kinois. Mais, nous mettre les marchés devant la porte est une dérive que l’on ne peut cautionner.
Trop c’est trop!
HC Jean-Pierre Eale Ikabe