MA PART DE VÉRITÉ
Pourquoi les kinois n’ont-ils pas célébré avec faste les cent ans de leur ville-province ? Pourquoi une manifestation d’envergure n’a-t-elle pas été organisée pour marquer d’une pierre blanche cette échéance, à la fois événementielle et historique?
Depuis le raté du 1er juillet 2023 jusqu’à ce jour, des questionnements fusent de partout, sur fond d’approximations, sur les raisons ayant conduit à la non tenue des festivités commémoratives alors que les signaux étaient au vert.
J’en ai été harcelé par mon entourage qui, malheureusement, ne pouvait s’attendre à mieux, si ce sont des simples excuses pour me dédouaner. En vérité, j’étais comme eux, sous informé de ce qui se tramait. Cette fête qui avait vocation à privilégier l’accès à la culture et aux échanges multiformes à travers les conférences, expositions et divertissements en tous genres, n’aura été qu’une illusion vendue aux Kinois, ces témoins précieux de leur époque.
Préoccupé depuis deux ans par la rédaction de mon livre qui bénéficie du concours d’un expert en tourisme, Médard Tambwe, assisté d’Herman Bangi bayp, j’y consacre quasiment l’essentiel de mon temps.
L’organisation de la fête du Centenaire de Kinshasa n’était plus dans l’ordre de mes priorités dès lors que j’avais déjà fait ma part en balisant la voie à travers le travail effectué en amont pour donner un contenu au projet. Il appartenait à l’autorité urbaine de prendre le relais.
Je compte, à mon actif, plusieurs voyages éffectués au Musée de Tervuren (Belgique) qui, en fin de compte, avait marqué son accord pour mettre à notre disposition les photographies disponibles de Léopoldville couvrant la période 1923-1966. Quant aux années manquantes, nous avions eu recours aux archives nationales, ce qui nous a permis de réaliser des clichés appropriés en phase avec l’événement.
Après ce travail préliminaire, les données récoltées ont été rassemblées et mises à la disposition du Comité chargé de l’organisation des festivités du centenaire mis en place par l’Autorité urbaine.
Un programme ambitieux à la dimension de la ville avait été établi et n’attendait que l’adoption d’un budget conséquent pour sa mise en exécution ainsi que le quitus du locataire de l’avenue colonel Ebeya. Concomitamment à l’accord reçu du numéro un de la ville pour préfacer mon ouvrage en gestation, j’ai reçu son approbation, à travers un ordre de mission dûment signé, pour conclure un partenariat avec le Musée de Tervuren.
Ce qui fut fait. Mais à l’arrivée, en lieu et place de la fête, nous avons été gratifiés d’une bataille rangée cristallisée autour des intérêts mesquins au sommet de la ville au grand désappointement des administrés qui s’attendaient à mieux.
Mon livre, quant à lui, est fin déjà prêt et continue d’attendre désespérément un financement pour son impression. Entretemps, le Programme des manifestations des cent ans de Kinshasa est rangé dans les tiroirs de l’oubli.
Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Jusqu’en juillet 2024, nous pensons qu’il y a moyen, pour les organisateurs, de se rattraper pour les mois restants de cette année du centenaire, en cherchant une date susceptible de sauver les meubles.
Telle est ma part de vérité.
Jean Pierre Eale Ikabe