Virtuose de la guitare, arrangeur doublé d’auteur-compositeur, Antoine Nedule Monswet dit Papa Noël est décédé le 11 novembre 2024 à Grigny en France suite à une longue maladie. Contrairement à ce qui se dit, Papa Noël n’est pas né le 25 décembre mais le 29 décembre 1940 à Kinshasa.
Le surnom Noël est l’envers du prénom de son mentor Léon Bukasa qui lui a mis les pieds à l’étrier. Il a été dans plusieurs grands orchestres congolais tels Rock’a Mambo, Bantous de la capitale, African Jazz, Vox Africa, Ok Jazz. Papa Noël a représenté la RDC en 1969 au festival panafricain d’Alger avec son orchestre Bamboula où prestaient les musiciens comme Wuta Mayi, Pepe Kalle, Madilu, Bozzi Boziana, Etisomba, Popaul Mansiamina, Aimé Kiwakana, etc. En sus de ses œuvres devenues des intemporelles de la rumba congolaise, il a réalisé les deux tomes de l’Anthologie de la musique zaïroise moderne avec des artistes comme Wendo Koslosoy, Adou Elenga, Lucie Eyenga, Ferrizi Camille, etc.
Très jeune en 1955, il se donne au maniement de la guitare que lui a offerte sa maman. Il se perfectionne auprès de son ami le guitariste Raymond Braink et du multi instrumentiste Antoine Kasongo.
Le hasard du sort aidant, il est découvert par l’artiste-musicien Léon Bukasa en 1956, qui l’amène aux éditions Ngoma pour des enregistrements accompagné de Joseph Mwena à la contrebasse et Albino Kalombo au saxophone. Avec ce groupe, il joue la guitare solo dans deux titres en 1957 : « Clara Badimwene » et « Nalembi makambo. Et le succès récolté fait qu’ils sillonnent tout le pays. Les mélomanes sont étonnés par le doigté de cet adolescent de 16 ans qui manie à merveille la guitare.
La même année, il rejoint les éditions Esengo où il retrouve des musiciens aguerris comme Rossignol, Essous, Pandi, Nino Malpet, Roitelet, Grand Kalle, Nico, Déchaud, Dewayon, Lucie Eyenda, Roitelet, Gogène, Liegon, etc. Il devient le soliste attitré de l’orchestre Rock’A Mambo. Il joue la guitare solo dans les chansons telles Bakule bakule, yo canto mi rumba, rythmo bueno rock a mambo, chérie yaka tobina calypso.
Au sein de cette maison d’édition, il relaye indifféremment les talentueux guitaristes solistes comme Tino Baroza et Dr Nico. Après, l’orchestre Rock’a Mambo se dissout en 1961 lors sa tournée à Pointe noire et au Gabon. Nino Malapet, Papa Noël et Jacky Mambau intègrent les Bantous de la capitale.
Il évolue de 1961 à 1963 au sein de cet orchestre aux côtés de ses anciens collèges de Rock’a Mambo Essous, Nino et Pandi Ben. Ils enregistrent en 1962 en Belgique des chansons pour le compte des éditions CEFA dirigées par Roger Izeidi avec des titres comme basili koyokana, okei liboso tala sima, ezali na bantu banso, bolingo botioli, angèl na moyonzi, cha cha para ti, mowumbu wa bolingo, mobali liboso, Cielito, watshi wara, etc.
Au départ de Nico Kasanda et Rochereau pour créer l’orchestre African Fiesta Vita, Papa Noël est dans la foulée des musiciens qui vont intégrer l’African Jazz avec Jeannot Bombenga, Matthieu Kouka, Casino Mutshipule, Kambite Damoiseau. Papa Noël s’illustre dans les chansons : c’est trop tard, nzambe e mungu, KJ, zonga zonga chérie, etc.
Une année plus tard, il rejoint le Cobantou de Dewayon où il ne demeure qu’une année pour réintégrer l’African Jazz en 1966. Dans cet orchestre, il sort la chanson Kazaka ya coton.
Comme un pigeon voyageur, il quitte encore l’African Jazz pour le Vox Africa de son collègue Jeannot Bombenga. On reconnait son doigté dans les chansons : naluki yo trop elodie, yebo, zaire eboya ye, Congo nouveau, Afrique nouvelle, bopesa ye liteya, bébé ya Jeannot, etc.
Il va y rester deux ans et ensuite il fonde en 1969 son propre orchestre Bamboula où sont passés plusieurs futurs musiciens de renom comme Bozi Boziana, Madilu System, Wuta Mayi, Pépé Kalle, Etisomba, Aimé Kiwakana, Decca, Popaul Mansiamina, etc.
Bamboula gagne le concours organisé par le ministère de la Culture pour représenter le pays au Festival panafricain d’Alger de 1969 et quelques temps après il dissout l’orchestre et passe une longue période creuse.
Sollicité en 1974 par la présidence de la République, il réalise l’anthologie de la musique zaïroise moderne avec bon nombre des pionniers de la rumba congolaise comme Wendo, Camille Ferruzi, Adou Elenga, Lucie Eyenga, etc. il fait des reprises des chansons des années 40 et 50.
Après un long passage à vide, il intègre en 1982 l’Ok Jazz de Franco et met sur le marché plusieurs chansons à succès telles Seli ya Zozo, Madiabuana, Sisika, Nganda Erumba, Bon Samaritain, etc. Il intervient également dans les chansons Maya, mbawu, mamba de Simaro.
A la mort de Luambo Franco, il décide de s’installer en France où il mène une carrière solo, accompagnant des musiciens congolais comme Sam Mangwana, Papa Wemba, Nyboma, Wuta Mayi, etc.
Il fait des tournées accompagnées du Cubain Papi Oviedo, Nana et Baniel ainsi de l’accordéoniste française Viviane Arnoux.
Son tout dernier projet est sa participation dans l’album Différence, une anthologie de la rumba des années 40 à 70 pour rendre hommage au multi instrumentiste Antoine Kibonge qui fut son mentor. Cet album connait la participation de plusieurs artistes comme Roger Lokumu, décédé, Verckys, décédé, Ray Lema, Dizzy et Moro Mandjeku, Pelasimba, Pepe Felly, Papa Noël qui vient de nous quitter.
Avec sa disparition, la musique congolaise vient de perdre le dernier des mohicans des années 50 avec une expérience de près de 70 ans à travers des orchestres mythiques tels Rock’a Mambo, Bantous de la capitale, African Jazz et Ok Jazz.
Herman Bangi Bayo