Pas besoin d’être orfèvre en économie pour savoir qu’un investissement crée plus d’emplois directs qu’indirects. A l’opposé, le Covid-19 fait plus de victimes indirectes ou collatérales que de victimes directes.
Pour ne prendre que le cas de Kinshasa, force est de constater que certes le drame humain est, hélas, déjà au rendez-vous. A l’évidence, on n’en a pas fini avec la comptabilité macabre. Officiellement, 287 cas recensés, dont 23 déjà morts. Chiffre tout aussi regrettable que considérable. La vie étant sacrée.
Ces morts risquent, cependant, de n’être considérés que comme la partie visible de l’iceberg. Tant dans cette mégapole abonnée, mieux scotchée depuis des lustres à la débrouillardise, tous les pans de l’informel s’effondrent chaque jour qui passe. Si on était Outre-Méditerranée ou Outre-Atlantique, on aurait dit «tout se fond comme neige au soleil».
Derrière ce rétrécissement comme peau de chagrin de l’informel, des hommes et des femmes, des familles entières voient le ressort de leur survie se déliter sous leurs yeux. Lesquels ne leur servent qu’à pleurer.
Des candidats à la mort par centaines de milliers, voire par millions dans cette ville tentaculaire qui compte 12 millions d’âmes environs ! Des morts en sursis qui ne rentrent pas, il est vrai, dans les statistiques officielles des victimes du Covid-19. Pourtant, c’est bien l’onde de choc du coronavirus qui produit ses effets dévastateurs – dans tous les sens du mot – à travers tout Kinshasa. Une ville qui survit de jour comme de nuit, soit 24 h sur 24 au rythme de l’informel.
Fermeture de quantité d’activités imposées par l’impératif de survie, quarantaine, confinement, état d’urgence et peut-être bientôt couvre-feu … Autant de mesures salutaires pour, au minimum, casser la chaîne de transmission du virus. Seulement voilà ! Wans la capitale de l’informel, cette vertu frappée du sceau du bon sens a comme vice de briser la chaîne de survie. Nous voici par euphémisme dans un jeu à somme nulle. Des mesures pour sauver des vies qui tuent involontairement la vie.
Décidément, le coronavirus est un véritable casse-tête…kinois.
José NAWEJ