Le peuple congolais est-il finalement devenu ce cabri qui ne redoute plus le couteau auquel il serait habitué ? Ou alors cet arbre touché plusieurs fois par la foudre et qui ne craint plus rien même lorsque le ciel s’assombrit ? On serait tenté de l’affirmer au regard de la réaction d’impavidité dont il fait montre face à l’adversité. Démonstration faite une fois de plus, jeudi 9 juillet, en bravant l’interdit qui a entouré la marche anti-Malonda annoncée des jours plus tôt. Le ministère de l’Intérieur et l’autorité urbaine ont parlé d’une même voix pour empêcher l’organisation de cette marche, en raison prioritairement des mesures drastiques imposées par la pandémie commandant les gestes barrières qui limitent le nombre de personnes dans un périmètre donné. Les marches de protestation ont débuté le matin dans plusieurs endroits dans le pays, à Kinshasa comme dans l’hinterland. S’étant résolus de se rendre au Palais du peuple, comme il fallait si attendre, là où se trouve la police nationale ayant reçu l’ordre de barrer la route à la progression des manifestants, le sang a coulé. Parce que, outre les gaz lacrymogènes, il y eut également des tirs à balles réelles vers les contestataires, de vrais durs au mal, majoritairement constitués des militants de l’UDPS. Lesquels, revêtus du masque de la colère, ont riposté en recourant aux projectiles. Vandalisant quelques édifices, au passage, sur le chemin du retour, à l’image de ce lieu de culte reconnu comme celui d’un pasteur d’obédience de l’ancien pouvoir. Une chose est sûre, l’élément déclencheur ayant poussé une frange de la population dans la rue, c’est l’imposition cavalière de Ronsard Malonda à la tête de la Ceni découlant de l’empressement de Jeanine Mabunda profitant de la majorité parlementaire à son avantage,
d’entériner ce choix par l’Assemblée nationale, comme une lettre passerait à la poste. Accusée vertement de faire le jeu des partisans du camp de l’ancien chef de l’État qui s’obstine à vouloir toujours régenter la marche du pays dans les coulisses. Lui qui est présenté comme celui qui en tire les ficelles à l’ombre. Les marches se suivent et se ressemblent. Rien ou presque ne bouge, semblent dire les observateurs qui notent que, n’importe comment, ceux qui se prélassent en regardant tomber les enfants des autres porteront dans leur conscience ces morts qui, un jour, crieront vengeance.
Bona MASANU