La Commission européenne émet des recommandations aux Etats, notamment pour éviter un second confinement généralisé au profit de mesures locales, destinées à contenir l’épidémie dans les éventuels foyers.
Par Elodie Lamer
Journaliste au service Monde – Union européenne
Le 15/07/2020
Avec le chacun pour soi observé chez les Européens au début de la crise sanitaire, la Commission avait estimé que l’UE avait eu « un aperçu de l’abysse ». Chose qu’elle veut éviter en cas de seconde vague. Ses recommandations publiées mercredi entendent contribuer à « éviter un confinement généralisé » si ce rebond arrivait, selon les mots de son vice-président chargé de « promouvoir le mode de vie européen », Margaritis Schinas. Pour la plupart, celles-ci ne réinventent pas la roue : tester massivement, assurer des stocks suffisants de matériel médical, etc. La nouveauté, c’est que cette seconde vague risque bien de coïncider avec les maladies saisonnières.
Un « cocktail de risques », selon la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides. Chaque année le virus influenza mobilise les hôpitaux (40.000 morts environ dans l’UE pendant l’hiver 2018-2019, détaille-t-elle) et si cela coïncide avec le Covid-19, « ce sera une tension additionnelle importante » sur les soins de santé. Dans ce contexte, la Commission encourage les Etats à démarrer au plus vite les campagnes de vaccination contre la grippe et d’en élargir les groupes cibles. Et, pour éviter les pénuries observées en mars dernier, de commander à l’avancer des stocks de vaccins supplémentaires.
Une réaction rapide
N’étant pas passée à côté des foyers locaux découverts dans plusieurs pays européens, la commissaire conseille une attention particulière pour les abattoirs par exemple, en développant une capacité à réagir immédiatement pour contenir le plus localement possible le déclenchement de ces foyers. Sa communication répète par ailleurs plusieurs fois le besoin d’éviter des confinements généralisés (donc à grande échelle). Pour rappel, au printemps, elle estimait qu’un second confinement coûterait moins cher à l’économie qu’une prolongation du premier. Elle estime désormais que la récession serait quasi aussi rude l’an prochain que cette année si on venait à devoir reconfiner (-11 % de PIB environ pour 2020 et 2021). Cette saignée aurait lieu même en cas de second lockdown moins strict et malgré la reprise du tourisme, secteur porteur de nombreuses économies de l’UE.
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Par ailleurs, elle retente sa chance en ce qui concerne la fermeture des frontières à l’intérieur de l’UE. Elle ne l’avait jamais préconisée mais avait bien été obligée de l’accepter lors du 1er confinement, en poussant tout de même les Etats à laisser passer les camions et les travailleurs transfrontaliers. Cette fois, le langage est plus dur : « le rétablissement de restrictions inefficaces et de contrôles aux frontières intérieures de l’UE doit être évité ».
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Bref, l’idée est cette fois d’éviter de réagir dans la totale improvisation, comme les Etats l’ont fait en mars dernier, ce qui n’a pas été l’heure de gloire de l’UE, a dit en substance Margaritis Schinas. « On est beaucoup mieux préparés », a-t-il jugé. Un constat partagé par la première ministre belge, Sophie Wilmès, lors de la conférence qui a suivi le Conseil national de sécurité. La « Belgique d’aujourd’hui n’est plus la Belgique de février », elle a acquis de l’expertise, mis le doigt sur ses « forces et ses faiblesses », constitué des stocks de masques (non sans rebondissement) et, cela fera plaisir à la Commission, « développé des “unités mobiles” pour intervenir rapidement en cas de foyer local de l’épidémie ».